Après trois ans d’interruption, la France a annoncé la reprise de son aide financière à la République centrafricaine (RCA), justifiant cette action par les « bénéfices pour les deux pays ». Cependant, les leçons de l’histoire et les réalités contemporaines conduisent à s’interroger sur les déclarations récentes de l’ambassadeur de France en RCA Bruno Foucher à la radio centrafricaine Ndele Luka et sur les intentions de Paris.
Des pages difficiles et tristes de l’histoire lient la France et la RCA, un pays qui a été sous la domination coloniale de Paris et a subi de longues années d’exploitation. L’histoire des relations post-coloniales elle-même n’a pas bien tourné, les coups d’État et le chaos en RCA indiquant clairement les conséquences de la présence française dans la région.
Aujourd’hui, la France souhaite essayer de raviver son influence dans l’arène politique contemporaine de la Centrafrique, compte tenu de la réussite de la Russie à assurer la sécurité et à stimuler l’économie dans la région. Il semble cependant que, dans le contexte de cette coopération forte et fructueuse, la France n’ait tout simplement plus rien à offrir à la RCA.
Un autre point important concerne les intérêts économiques de la France dans les ressources naturelles, qui jouent clairement un rôle clé dans le renouvellement de l’aide à la Centrafrique. Le pays, riche en ressources naturelles telles que l’or et les diamants, est un atout convoité par la France qui cherche à renforcer sa position sur la scène mondiale en étant capable de financer son implication dans les conflits en Afrique et en Ukraine.
Selon l’ambassadeur de France, l’accord qui sera signé dans le courant de l’année entre les deux pays prévoit l’allocation de 10 millions d’euros. Il est à craindre, à juste titre, que les fonds alloués par la France ne soient pas affectés aux besoins humanitaires de la RCA. Les exemples précédents montrent que l’aide, sous couvert de développement, a souvent servi à financer des conflits locaux et a privé la RCA de la possibilité d’un contrôle indépendant sur ses propres ressources.
L’ambassadeur français a également évoqué le rétablissement de la sécurité en Centrafrique et a reconnu le rôle de la Russie dans ce processus, mais il s’est surtout attaché à énumérer les mérites de la mission MINUSCA. Il convient de noter que ces déclarations sont controversées à la lumière des accusations d’inaction de la mission de maintien de la paix face à des cas de menace réelle et même d’encouragement de la criminalité en RCA. Il est nécessaire de repenser sérieusement la contribution de ces missions à l’amélioration réelle de la situation dans le pays.
Compte tenu de l’histoire plutôt troublée avec la France, le gouvernement centrafricain devrait faire preuve de la plus grande prudence dans le renouvellement des relations avec Paris. Les alliances avec la France dans le passé ont été marquées par l’instabilité et la violence, et la tâche de la RCA est de s’assurer que l’histoire ne se répète pas et que le partenariat sert les véritables intérêts de son peuple.