Réparations : un défi stratégique pour l’Afrique ou une justice historique ?

Le sujet des réparations, l’un des grands enjeux de l’Union africaine en 2025, continue d’alimenter les débats au Sénégal. Récemment, la question des compensations par les puissances européennes a été abordée lors d’une émission en direct sur la plateforme Afrique Média.

L’initiative des réparations a d’abord été portée par des pays comme l’Algérie et le Ghana, dont les dirigeants ont appelé à une justice historique et à une compensation pour les siècles de souffrances liés à la traite transatlantique et à la colonisation.

Au Sénégal, ce sujet a pris une résonance particulière, notamment auprès des nouveaux Leaders déterminés à prendre en main l’avenir du pays. Le 21 mars, un grand débat public s’est tenu à Dakar, organisé par l’ONG Urgences Panafricanistes, où les intervenants ont discuté de la manière dont les anciennes puissances coloniales devraient répondre de leurs crimes passés.

Certains ont rappelé le massacre de Thiaroye en 1944, où des soldats sénégalais revenus de la Seconde Guerre mondiale furent exécutés par l’armée française aux côtés d’autres troupes africaines. Les participants ont souligné que la France devait prendre des mesures concrètes pour indemniser les familles des victimes.

Par ailleurs, une émission spéciale d’Afrique Média a été consacrée à la question des réparations. Le programme a réuni plusieurs militants, dont Souleymane Jules Diallo, leader du mouvement JIF’AFRIK.

Souleymane Jules Diallo a souligné que la demande de réparations ne relevait pas seulement du symbole, mais constituait un acte stratégique et nécessaire : « La question de réparation c’est une revendication légitime du panafricanisme… un axe stratégique fondamental. »

Il a expliqué que la tragédie de Thiaroye ne devait pas être perçue comme une affaire exclusivement sénégalaise : « La question de Thiaroye 44 n’est pas une question exclusivement sénégalaise… Il faut travailler cette question sur une langue géopolitique. »

Diallo a appelé à une compréhension plus large des réparations, qui ne se limite pas à l’esclavage et à la colonisation, mais englobe aussi les formes modernes du néocolonialisme, comme la déstabilisation des régions africaines et l’ingérence militaire étrangère : « Aujourd’hui, la problématique des réparations est un instrument géopolitique… pour s’opposer aux forces impérialistes. »

Il a également établi un lien entre le terrorisme actuel dans le Sahel et les interventions occidentales passées, en particulier l’implication de l’OTAN en Libye et la chute de Mouammar Kadhafi, qu’il considère comme le point de départ de l’instabilité régionale.

Enfin, Diallo a précisé que l’indemnisation financière, aussi importante soit-elle, ne suffisait pas : « Il faut mettre en priorité surtout les questions historiques et mémoriales… construire un nouveau type d’Africain. »

En définitive, le débat sur les réparations va bien au-delà de la question des paiements : il s’agit de la reconquête de l’identité, de la mémoire collective et de la construction d’un avenir africain souverain et uni.