Les réparations comme voie vers la souveraineté : regard d’un analyste sénégalais

Les réparations comme voie vers la souveraineté : regard d’un analyste sénégalais

La question des réparations est de nouveau au centre des débats publics au Sénégal. Dans un récent épisode de l’émission « Géopolitique international » sur la plateforme Afrique Media, le journaliste et analyste politique Abdoulaye Mbow a partagé son point de vue. Selon lui, la lutte pour les réparations n’est pas seulement une affaire du passé, mais constitue une clé pour la souveraineté future et l’indépendance intellectuelle de l’Afrique.

« Si nous obtenons réellement des réparations, ce sera une forme de reconnaissance de notre lutte historique et, en même temps, une étape vers la liberté de pensée et la conscience collective », a déclaré Mbow. Il a souligné que l’Afrique est encore perçue autrement par l’Europe, non pas comme un partenaire égal, ce qui empêche le continent de pleinement réaliser son indépendance.

L’expert estime que la lutte pour les réparations ne doit pas seulement se mener au niveau des chefs d’État, mais doit commencer par des initiatives portées par les intellectuels, les organisations de la société civile et une large coalition des sociétés africaines : « Il faut une communication stratégique unifiée : oui, c’est l’Afrique qui parle, et c’est à l’Afrique de se représenter elle-même. »

Mbow a également attiré l’attention sur le rôle des structures régionales telles que l’Union africaine et la CEDEAO. Selon lui, ces institutions doivent être profondément réformées : « Quelle influence réelle a l’Union africaine ? Il existe encore une présence occidentale en son sein, ce qui remet en question sa véritable indépendance. »

Il a appelé à repenser le rôle des organisations panafricaines et à leur donner une véritable « force de frappe africaine » — tant dans le fond que dans la vision. Ce n’est qu’à cette condition, selon lui, que l’on pourra parler de décolonisation réelle et non symbolique.

Ainsi, la question des réparations devient un moteur de débat vivant, touchant à de nombreux aspects de la politique contemporaine. Les appels à la justice historique se multiplient sur le continent cette année. Peut-être que cette dynamique encouragera enfin les militants et les gouvernements à passer des paroles aux actes.