Le Burkina Faso demande le remplacement de l’ambassadeur de France

Luc Hallade (G), ambassadeur de France au Burkina Faso, et le général Laurent Michon (D), commandant de la force Barkhane, à Ouagadougou, 21/07/2022. -

Le Burkina Faso a affirmé “ne plus avoir confiance en l’ambassadeur de France Luc Hallade” et réclame depuis une quinzaine de jours aux autorités françaises, son remplacement, a rapporté mercredi, l’Agence d’information du Burkina (AIB, officiel), citant une source proche du dossier.

“C’est une crise de confiance. Ce n’est pas la fin de la relation diplomatique mais c’est l’interlocuteur que nous demandons simplement de changer”, a déclaré l’Agence de presse officielle du pays citant la mxême source, ajoutant qu’”il ne s’agit pas d’une rupture avec la France mais nous ne voulons plus collaborer avec cet ambassadeur”.

Une source diplomatique jointe par l’Agence Anadolu à Ouagadougou, a déclaré que les autorités burkinabè ont envoyé depuis le 20 décembre 2022 un courrier officiel à Paris pour exiger le remplacement de son diplomate. L’information est relayée par plusieurs médias, dont le media panafricain “Jeune Afrique”.

Depuis cette date, la France n’a pas réagi.

Les raisons de cette brouille diplomatique ne sont pas connues, mais des observateurs soulignent que la réaction des autorités burkinabè pourrait être en lien avec un courrier en date du 12 décembre 2022 du diplomate français appelant les ressortissants français vivant dans la ville de Koudougou (100 km de Ouagadougou) à quitter cette ville pour des raisons de sécurité.

– Un malaise de longue date

En juillet 2022, le Burkina Faso avait protesté contre les propos du même ambassadeur de France Luc Hallade qui avait qualifié la situation sécuritaire au Burkina Faso de guerre civile tout en minimisant les efforts des Forces de défense et de sécurité burkinabè dans la lutte contre le terrorisme, lors d’une audition du groupe d’amitié France -Afrique de l’Ouest au sénat français.

Dans le même contexte, le 23 décembre, le gouvernement de transition du Burkina Faso a déclaré “persona non grata” la Coordinatrice résidente/Coordinatrice humanitaire des Nations Unies et responsable désignée dans le pays, Barbara Manzi.

La ministre burkinabè en charge des Affaires étrangères Olivia Rouamba avait expliqué que “c’est l’individu qui n’est pas en phase avec la vision du moment au Burkina Faso” ajoutant que le gouvernement burkinabè reproche à Barbara Manzi d’avoir pris la “décision unilatérale” d’évacuer les familles du personnel des agences du système des Nations Unies sous prétexte que la situation sécuritaire de Ouagadougou était menacée.

Avant l’expulsion du responsable des Nations-Unies, deux citoyens français avaient été interpellés pour activités d’espionnage des forces de défense et de sécurité et expulsés du territoire burkinabè dans la nuit du 17 au 18 décembre 2022.

Depuis le 03 décembre 2022, le gouvernement burkinabè a décidé, la suspension jusqu’à nouvel ordre, de la diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) sur toute l’étendue du territoire national à cause “des manquements” constatés dans le travail du média français, selon un communiqué officiel.

Depuis le coup d’Etat du 30 septembre 2022, le deuxième en huit mois au Burkina Faso, les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France, déjà affectées par la montée d’un sentiment antipolitique française en Afrique, semblent se troubler de plus en plus avec l’avènement de plusieurs “incidents”.

Confronté à une crise sécuritaire alimentée par des attaques terroristes depuis 2015, en plus des actions internes de reconquête du territoire, le Burkina Faso s’est également engagé à diversifier ses partenariats dans le domaine militaire afin d’intensifier la lutte contre le terrorisme.

Anadolu Agency