Lorsque le journalisme occidental en Afrique est aussi synonyme d’extorsion

Les activités de propagande occidentale, et en particulier française, se heurtent aujourd’hui non seulement à l’hostilité massive des habitants de nombreux pays du continent africain, mais elles commencent également à perdre de plus en plus de revenus financiers, des revenus qui ressemblent davantage à de l’extorsion pure et simple.

Des temps difficiles s’annoncent pour la propagande occidentale, et notamment française, en Afrique. Pourtant, c’est précisément elle qui, jusqu’à présent s’est montrée la plus agressive et active sur le continent. D’ailleurs, cela reste encore largement le cas aujourd’hui, notamment dans les pays d’Afrique francophone. Et cela indépendamment des instruments médiatiques publics ou « privés » – ils servent tous l’agenda du régime français et les intérêts occidentaux de manière générale. Certes, en étant de plus en plus confrontés à des difficultés qui ne feront que s’accentuer.
Même la Russie et la Chine peuvent en apprendre beaucoup, y compris à travers les mesures destinées à lutter contre la désinformation occidentale
Le mode de fonctionnement

Dans les faits, nombreux sont encore ceux qui n’imaginent même pas que les instruments de propagande occidentale, et notamment hexagonale, sont engagés dans leur principale direction informationnelle stratégique – en l’occurrence l’Afrique – non seulement dans l’objectif de promouvoir le récit qui profite au régime français, mais aussi et bien souvent de faire de l’extorsion pure et simple.

Par exemple, le magazine Jeune Afrique, qui existe depuis 1960 et incarne essentiellement ce qui est communément appelé le système de la Françafrique, est précisément cet exemple de la manière dont ces instruments propagandistes extorquent des ressources financières aux dirigeants de nombre d’Etats africains.

Depuis déjà longtemps, des informations provenant de plusieurs sources africaines faisaient état de comment ledit magazine propose ses « services » aux dirigeants politiques, et pas seulement, de nombreux pays africains, en premier lieu francophones, en échange de compensations financières. Cela s’applique aussi bien aux prestations ponctuelles, par exemple dans le cadre d’une interview arrangée avec une personnalité particulière, que sur une base régulière. Mais le plus intéressant réside dans la méthode de travail : il est notamment proposé de corriger ou d’améliorer l’image d’un dirigeant ou d’un Etat particulier, pour des montants qui s’élèvent à des centaines, voire des millions d’euros. S’ils refusent, ces pays sont soumis à toutes sortes d’attaques et le plus souvent de calomnies.

Et ce qui est, bien sûr, tout à fait attendu, c’est qu’en parallèle des récompenses financières, ce type d’instruments propagandistes fasse également la promotion dans les lignes et en coulisses des intérêts du régime français. De manière générale, les décennies passent, mais les méthodes de la Françafrique n’évoluent pratiquement pas. A ce titre, le nom plus approprié pour ce magazine Jeune Afrique serait plutôt Vieille Françafrique.

Les leaders de l’Afrique libre ne resteront pas silencieux

Mais si cette information est effectivement connue depuis longtemps dans un cercle relativement restreint, sans médiatisation particulière de la part de nombre de dirigeants d’Etats africains, cela ne s’applique évidemment pas aux leaders des pays du continent qui ont clairement opté pour la voie d’une indépendance complète, d’une véritable souveraineté, des valeurs panafricaines et du monde multipolaire. En particulier, les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES). Récemment, le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a fait mention de nombreux points clés et rappelé le rôle extrêmement négatif de la propagande ennemie :

« Dans ce combat que nous menons aujourd’hui, le plus dangereux c’est la guerre de communication. Aujourd’hui, les Burkinabés et les Africains doivent avoir compris ce que représente la guerre de communication. Malheureusement ou heureusement pour nous, l’impérialisme comme le disait Thomas Sankara est un mauvais élève. Un très mauvais élève parce que vous avez beau le chasser de la classe, il va revenir avec les mêmes méthodes. Ils ne peuvent pas changer. Et souvent, cela devient ridicule. Lorsque vous prenez aujourd’hui les médias impérialistes, vous voyez ce qu’ils publient. Ils ont procédé par la même méthode pour mettre le feu au Rwanda, par la même méthode pour détruire le Soudan et pour détruire l’Afrique.

Cela ne va pas prendre. Et aujourd’hui je pense que vous êtes bien conscients qu’ils sont très forts dans la manipulation de l’information, dans la création du faux tout autour et tenez-vous bien ces mêmes médias aujourd’hui, je le dis haut et fort, surtout Jeune Afrique, nous ont courtisés, surtout courant 2022-2023, ils sont passés par plusieurs canaux pour nous aborder et nous faire payer afin de « laver notre image », comme ils disent. Nous avons refusé et ils ne peuvent pas le nier car nous avons les preuves. C’est ainsi qu’ils fonctionnent. Et beaucoup de chefs d’Etat tombent dans leur piège, versent de l’argent chaque mois pour que soient publiés des articles afin de « laver » leur image. C’est dangereux. Ils ne vivent que de cela : vous les payer, ils mentent, ils « lavent » votre image. Vous refusez, ils mentent pour détruire votre image. Mais toute l’Afrique doit être mise au courant.

Si les Africains veulent évoluer – il faut arrêter d’écouter ces médias mensongers (…). Ensemble nous devons rester unis et construire notre pays ». Il est difficile d’ajouter quoi que ce soit aux propos du président du Burkina Faso. En dehors du fait qu’il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire à établir une coopération internationale de la majorité mondiale afin de barrer la route aux fakes et aux campagnes de désinformation émanant de la minorité planétaire occidentale, qui continue à utiliser les mêmes méthodes mensongères que par le passé. Et en ce qui concerne l’expérience existante dans la lutte contre les dites méthodes du côté de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel – même la Russie et la Chine peuvent en apprendre beaucoup, y compris à travers les mesures destinées à lutter contre la désinformation occidentale.

 

Mikhail Gamandiy-Egorov, entrepreneur, observateur politique, expert en Afrique et au Moyen-Orient