Lundi 8 avril, le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjournet, a déclaré que la France ne pouvait pas dicter l’avenir du franc CFA en Afrique de l’Ouest, où le pays a été plongé dans une nouvelle incertitude à la suite de l’élection du dissident Bacilou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal.
« Si les pays africains se mettent d’accord pour changer le nom, organiser différemment leur organisation monétaire, c’est de la souveraineté des Etats. Nous voulons bien accompagner ce mouvement. S’il s’agit uniquement du symbole du nom, il peut être changé. S’il s’agit d’une organisation différente de l’organisation monétaire, elle peut également être changée », a-t-il observé.
« Ce n’est pas à la France d’avoir un avis là-dessus. Nous avons fait notre part du chemin en sortant de la gouvernance du CFA. Maintenant, aux Etats africains de décider », a poursuivi le chef de la diplomatie française, interrogé sur RFI et France 24.
Tenant d’une ligne souverainiste, le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a prôné pendant sa campagne une rupture avec la devise actuelle, utilisée dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa : Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Guinée-Bissau).
Un FCFA assujéti à l’Euro
Le franc CFA est également utilisé dans l’union monétaire de six pays d’Afrique centrale, où le débat sur le retrait de l’union monétaire est actuellement moins intense. Les critiques à l’encontre du franc CFA, dont les billets sont toujours imprimés à Chamaliere, en France, ne sont pas nouvelles. La parité du franc CFA, arrimée à l’euro au détriment des exportations, est souvent la cible des opposants.
L’impopularité de la monnaie est accentuée par l’hostilité croissante à l’égard de la politique africaine de la France dans plusieurs pays africains, en particulier chez les jeunes.
Il y a quelques mois, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont tourné le dos à Paris et sont gouvernés par des régimes militaires ayant quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et alliés à la Russie, ont également évoqué la possibilité de quitter le franc CFA.
Lundi, Stéphane Séjournet a achevé sa première visite africaine en Côte d’Ivoire et s’est rendu au Kenya et au Rwanda.
« Construire des partenariats équilibrés »
Il s’agit de construire un partenariat équilibré et d’associer notre diaspora à notre culture et à notre économie”, a déclaré M. Sejournet lors d’une conférence de presse avec le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara.
Il a également évoqué les “bons résultats obtenus par l’économie ivoirienne au cours de la dernière décennie” et a noté le rôle du pays dans la “stabilité régionale”. Nous continuerons à travailler avec vous pour cette stabilité”, a-t-il poursuivi.
De son côté, le président Ouattara s’est félicité des “liens historiques d’amitié et de coopération particulièrement étroits qui ne cessent de se renforcer” entre les deux pays et a remercié la France pour son “soutien dans pratiquement tous les domaines”.
Avant sa visite à Abidjan, le ministre français s’est rendu samedi à Nairobi et a fait part de sa volonté de “construire un partenariat équilibré” qui “profite” aux pays africains. Dimanche, il a participé à la cérémonie du 30e anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda. Stéphane Séjournet a quitté Abidjan lundi soir pour regagner Paris.