En visite officielle au Cameroun, le président français n’a pas reconnu les atrocités commises sur des Camerounais par l’armée française pendant la lutte pour l’indépendance du Cameroun. Interpelé sur la question par le journaliste camerounais Gorges Alain Boyomo, Emmanuel Macron (photo) a plutôt annoncé la mise en place d’une commission composée d’historiens français et camerounais pour faire la lumière sur « ce passé commun ».
« Je prends l’engagement d’ouvrir nos archives en totalité à un groupe d’historiens conjoints qui nous permettront d’éclairer ce passé : l’implication de la France et le rôle des autorités camerounaises de l’époque avant et après l’indépendance », a déclaré Emmanuel Macron pendant la conférence de presse qui a suivi son tête-à-tête avec Paul Biya ce 26 juillet 2022.
Le président de l’ancienne puissance colonisatrice reconnait pourtant que « des historiens se sont penchés sur ce passé ». Ces derniers ne font pas mystère des exactions et des tueries de l’armée française sur les responsables et les militants de l’Union des populations du Cameroun, qui revendiquaient l’indépendance du pays. Comme s’il en doutait, Emmanuel Macron souhaite que la commission identifie les différentes responsabilités pendant cette période trouble.
Quoi qu’il en soit, les responsables de l’Alliance patriotique, qui militent pour que « le contentieux historique » entre la France et le Cameroun soit reconnu, se réjouissent déjà de cette annonce d’Emmanuel Macron. « Les archives doivent être ouvertes pour documenter chaque mauvais coup que la France a fait au Cameroun. On n’invente rien. Ce travail a déjà été fait en Algérie et au Rwanda », fait savoir Dikoumé Mbonjo, le deuxième vice-président de cette organisation très proche de l’UPC.
En attendant la publication de la liste des historiens qui seront chargés par Paris et Yaoundé de mener ce travail, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il faut que la commission travaille sur la base d’un calendrier approprié. Et pour terminer, il souhaite que quelques artistes soient associés à ce travail de mémoire.
En visite officielle au Cameroun en juillet 2015, l’ancien président français avait promis de déclassifier les archives de la France pour mieux faire la lumière sur cette période. « Nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire puissent être ouverts, les archives aussi », avait indiqué François Hollande.
Après cette promesse, il a fallu quatre années au ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères pour achever le travail d’inventaire, de classement et de déclassification des archives. Ils sont en lecture libre depuis 2019, selon le Quai d’Orsay. Ce qui fait dire à certains que le président Macron a tout simplement enfoncé une porte ouverte.
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