Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmaajo, a signé, mercredi 14 avril, une loi controversée prolongeant de deux ans son mandat, arrivé à échéance le 8 février. Un texte qui inquiète particulièrement la communauté internationale.
Le président a « promulgué la résolution spéciale guidant les élections du pays, après son adoption à l’unanimité par le Parlement » lundi soir, a annoncé Radio Mogadiscio. Le chef de la Chambre haute somalienne avait pourtant jugé inconstitutionnel lundi ce vote de la Chambre du peuple, chambre basse du Parlement fédéral, et cette résolution n’est pas passée devant la Chambre haute, comme le prévoit le processus législatif.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrel, avait déjà estimé mardi que cette résolution allait « diviser la Somalie, créer des retards supplémentaires et constituer une grave menace pour la paix et la stabilité de la Somalie et de ses voisins ». Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait quant à lui jugé sur Twitter qu’elle « sape davantage la paix et la sécurité du pays » et appelé le « gouvernement fédéral et les états fédéraux de la Somalie à reprendre les pourparlers ».
Echec des processus démocratiques direct et indirect
Cette loi va à l’encontre de l’accord obtenu le 17 septembre entre le président Farmaajo et cinq leaders régionaux prévoyant des élections indirectes avant la fin de son mandat. Ce pacte abandonnait la promesse du « un homme, une voix », un objectif ambitieux que la Somalie s’était fixé pour tenir ses premières élections entièrement démocratiques depuis 1969, mais qui a achoppé sur de multiples désaccords politiques et surtout pour des raisons sécuritaires.
Mais ce processus fondé sur le suffrage indirect a également débouché sur une impasse, dont les leaders régionaux et le président se rejettent la faute. Les instances internationales ont multiplié les appels au dialogue ces dernières semaines pour éviter que ce pays particulièrement instable ne tombe dans le chaos.
Source: Le Monde