La Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) a publié les résultats de la 15e édition de l’enquête d’opinion «Mali-Mètre», conduite au Mali depuis la fin de l’année 2012. La collecte de données de la présente édition s’est déroulée du 5 au 17 janvier 2024 dans le but de recueillir les opinions des Maliens sur un ensemble des thématiques sociopolitiques. 2 055 personnes âgées de 18 ans et plus, réparties entre le District de Bamako et 9 capitales régionales, ont participé à l’enquête.
«Mali-Mètre» 2024 s’inscrit dans un contexte particulier et aborde les principales thématiques de l’actualité sociopolitique au Mali, à savoir : l’évolution de la situation générale du pays, la transition politique en cours; les défis et priorités des autorités de la transition ; la stabilisation et la sécurisation du Mali ; les partenariats ainsi que les échéances électorales à venir.
En ce qui concerne la situation générale du pays, les résultats ont montré que pour quatre Maliens sur cinq (81 %), la situation générale du pays s’est améliorée au cours des douze derniers mois. Ainsi, les Maliens interrogés ont une opinion très positive de l’évolution du pays.
Pourtant, un certain nombre de défis persistent. Parmi les préoccupations majeures des Maliens figure la sécurité (60%), qui est toujours considérée comme le problème le plus important. Toutefois, les Maliens estiment que la situation sécuritaire dans le pays s’est considérablement améliorée (65 %). C’est une principale raison évoquée par les personnes qui estiment que la situation générale du pays s’est améliorée. Pour les 11% des Maliens la raison principale est l’intégrité territoriale.
Lors de l’enquête, les Maliens ont exprimé une grande satisfaction et confiance quant à la gestion de la transition. En effet, plus de neuf Maliens sur dix sont satisfaits de la gestion de la transition, et c’est surtout le président de la transition, Assimi Goïta, qui jouit d’un taux de satisfaction élevé. Le processus de transition continue de bénéficier d’une grande confiance. Cela s’explique, entre autres par les développements dans le nord du pays, en particulier la prise de Kidal par l’armée malienne, qui sont jugés positifs. De plus, la majorité des Maliens est favorables au départ de la MINUSMA (81 % très favorable et 11 % plutôt favorable) du pays. Il faut également noter que les Maliens sont globalement satisfaits de la coopération entre le Mali et la Russie (83 % très satisfaits et 15 % plutôt satisfaits). Par ailleurs, 97 % des personnes interrogées font confiance à la Russie pour aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale.
Concernant les forces de défense et de sécurité du pays, presque la quasi-totalité des citoyens maliens (99 %) se disent satisfaits de leur travail.
Une question importante de cette enquête porte sur l’attitude des citoyens maliens face au report des élections présidentielles, qui devaient avoir lieu cette année 2024. L’analyse des résultats montre que plus de quatre Maliens sur dix (87 %) approuvent la décision de reporter les élections. Toutes les régions ont un regard majoritairement positif sur cette décision.
En ce qui concerne la durée de ce report 26 % des répondants estime que le report devrait durer plus de trois ans et 13 % propose une durée de deux à trois ans pour le report des élections. Toutefois, pour près d’un tiers des personnes interrogées (26 %), le report ne doit pas dépasser deux ans. Quant à la tenue effective des élections en 2024, sept Maliens sur dix pensent que c’est improbable (32 % peu probable et 40 % pas du tout probable). Ainsi, la majorité des personnes interrogées ne considère pas comme réaliste la fin du processus de transition par des élections cette année.
Sur la base des résultats globaux de cette enquête d’opinion «Mali-Mètre», on peut constater que les acteurs de la transition maliens sont accrédités d’un fort taux de satisfaction de la part des personnes enquêtées, surtout le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Et compte tenu de l’amélioration significative de la situation sécuritaire au Mali, constatée par les citoyens interrogés, on peut supposer qu’Assimi Goïta rétablira bientôt la sécurité dans le pays afin d’organiser les élections présidentielles et de transférer le pouvoir à un dirigeant démocratiquement élu.