Cinq jours après avoir renversé Ali Bongo Ondimba, Brice Oligui Nguema prête serment ce lundi de la transition au Gabon. Le général deviendra ainsi le quatrième président de l’histoire de ce pays d’Afrique centrale, après Léon Mba, Omar Bongo Ondimba et son fils Ali Bongo.
Une nouvelle ère de l’histoire politique du Gabon débute ce 4 septembre. Et elle sonne le glas de plus d’un demi-siècle du règne ‘’ sans partage ‘’ de la famille Bongo. Une famille chassée du ‘’trône ” par un fils ‘’adoptif ” : Brice Oligui Nguema, ancien aide de camp d’Omar Bongo puis commandant de la garde d’Ali Bongo.
Mercredi à l’aube, moins d’une heure après la proclamation des résultats de la présidentielle du 26 août, et la réélection annoncée à près de 65% de d’Ali Bongo, il a pris la tête d’un mouvement des militaires ont proclamé “la fin du régime”, l’accusant d’avoir truqué le scrutin.
Depuis ce coup d’Etat ou plutôt une révolution de palais, il s’affiche chaque jour entouré des généraux et colonels commandant les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police.
La population semble majoritairement afficher, dans de petites manifestations quotidiennes, sa gratitude envers une armée qui l’a “libérée du clan Bongo”.
C’est donc un militaire bénéficiant de ‘’l’onction populaire ‘’ qui va formaliser sa prise de pouvoir devant des membres d’une Cour constitutionnelle mise en veilleuse dès les premières minutes du putsch, puis réhabilité pour attribuer la légitimité au nouvel homme fort de Libreville.
Durée de la transition
Alors que le général tombeur d’ABO, s’apprête à s’installer dans le fauteuil suprême, des appréhensions subsistent sur la marche de la transition, notamment sa durée.
Brice Oligui est resté silencieux sur le sujet malgré plusieurs rencontres avec différentes composantes de la société gabonaises. Il a simplement promis d’installer des “institutions plus démocratiques” avant des “élections libres”.
En cinq jours, ce chef de la garde prétorienne du président Ali Bongo Ondimba qu’il a renversé, s’est lancé dans un véritable marathon ultra-médiatisé.
Il a invité toutes les “forces vives de la Nation”, en plus des diplomates et des organisations internationales, pour expliquer qu’il avait pris le pouvoir pour “éviter un bain de sang”, mettre un terme à une “corruption massive” et à une “gouvernance catastrophique” après 55 ans de dynastie Bongo et redistribuer les immenses richesses du Gabon jusqu’aux plus pauvres.
N’élevant jamais la voix, cet homme de 48 ans à la carrure athlétique et au crâne chauve a sermonné chefs d’entreprise, leaders religieux, syndicalistes, “politiciens”, journalistes et même menacé les patrons qui participaient à la corruption avec le regard noir et le ton ferme du militaire vantant “l’ordre et la discipline”.
L’opposition à l’ancien régime divisée
L’ancienne opposition au président Ali Bongo est tiraillée entre son champion Albert Ondo Ossa, qui revendique mordicus la victoire à la présidentielle du 26 août, au risque de s’isoler, et ceux qui n’entendent pas rester spectateurs de la “transition” militaire.
“La situation actuelle apporte beaucoup de confusion”, lâche Bernard Christian Rekoula, une figure de la société civile. Mais “ce sur quoi nous sommes unanimes, c’est la satisfaction que ce ne soit plus un Bongo au pouvoir”, résume l’opposant réfugié en France.
Dimanche, les ténors de la coalition Alternance 2023 ont été chaleureusement reçus, en son absence, par le général Oligui au palais présidentiel.
Il y a “deux personnages importants au Gabon, celui qui a la force, le général Oligui, et celui qui a la légitimité, Albert Ondo Ossa. Je peux vous dire avec certitude que ce dernier a gagné les élections, et les militaires le savent”, assure Anges Kevin Nzigou, avocat et ex-candidat aux législatives du 26 août.
“Bénéfice du doute”
“Quand une épreuve du bac est fraudée quelque part, le bac est annulé pour tout le monde, on ne vient pas se plaindre” en disant “j’avais 8 ou 18”, “attendez la prochaine épreuve et vous aurez 18″, a rétorqué le nouvel homme fort du pays. Albert Ondo Ossa doit sans nul doute faire le deuil de ” la victoire ” qu’il revendique.
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