Bamako et Paris ont à nouveau frôlé la crise diplomatique. Jeudi 15 septembre, deux militaires de l’ambassade de France en poste dans la capitale malienne ont été interpellés, avant d’être relâchés vendredi en fin de matinée. Si l’incident semble désormais clos, il illustre le climat de tension persistant entre la France et le Mali, dont les relations n’ont cessé de se dégrader depuis l’arrivée au pouvoir à Bamako des militaires à la suite des deux coups d’Etat d’août 2020 et mai 2021.
Selon plusieurs sources diplomatiques françaises, les deux agents de liaison travaillant auprès de l’attaché de défense de l’ambassade, notamment chargés de veiller à la sécurité des Français installés à Bamako, étaient partis, jeudi, effectuer « une mission d’évaluation du risque sécuritaire » dans le centre-ville de la capitale. Arrivés à proximité d’une école privée accueillant de nombreux enfants d’expatriés français, les deux militaires ont pris des photos d’un terrain vague, censé servir de point de rassemblement pour les ressortissants français en cas d’évacuation forcée.
« Pendant qu’ils le photographiaient, un attroupement de jeunes s’est formé autour d’eux. Des soldats maliens étaient à proximité. Comme une de leurs bases militaires se trouve à côté, ces derniers les ont arrêtés, pensant qu’ils étaient en train d’espionner leur camp. Il y a eu confusion. Après vérification de leurs téléphones, ils ont été relâchés. Il s’agit d’un simple malentendu », avance une source diplomatique française.
Protection diplomatique
Dans la foulée de leur arrestation, des personnes et associations réputées proches de la junte s’étaient emparées de l’affaire en se félicitant, sur les réseaux sociaux, de l’arrestation « grâce au patriotisme de la population malienne », de ces deux Français, qualifiés d’« espions blancs ». A l’ambassade de France comme au Quai d’Orsay, la nervosité était alors montée d’un cran.
Les deux agents, bénéficiant, de par leur statut, d’une protection diplomatique, n’auraient pas dû être arrêtés et encore moins retenus à la direction générale de la sécurité d’Etat (DGSE) malienne. « Leur présence était connue des autorités. Ils disposaient des documents diplomatiques nécessaires et agissaient dans un cadre légal et transparent », souligne le ministère de la défense.
Le Monde