La coopération Chine-Afrique se trouve toujours à un niveau stratégique, et ce pour les deux parties. Si jusqu’à encore assez récemment, l’accent dans l’interaction sino-africaine était surtout mis sur l’aspect économique, désormais Pékin intensifie la partie géopolitique, dans le cadre du soutien à la multipolarité.
Le récent Sommet extraordinaire Chine-Afrique sur la solidarité contre le Covid-19, a été témoin de plusieurs faits intéressants, notamment lors du discours du président chinois Xi Jinping. Les points principaux ont été reportés par l’agence de presse chinoise Xinhua.
Parmi ces points, le chef d’Etat chinois fait mention de la nécessité d’un travail résolu et conjoint dans la lutte contre la pandémie du Covid-19, la promotion de la coopération sino-africaine en mettant un accent plus important sur la santé, la reprise des activités économiques et l’amélioration du bien-être de la population. La promotion de l’amitié sino-africaine a elle aussi été soulevée. Une mention d’ailleurs qui n’est certainement pas le fruit du hasard, sachant que depuis le début de la pandémie en cours, la Chine a été visée par plusieurs campagnes informationnelles hostiles, y compris à destination du grand public africain.
Mais le fait assez marquant des déclarations lors de son discours était l’appel du président chinois à poursuivre le soutien ferme au multilatéralisme, et ce dans le cadre de l’interaction sino-africaine. Cela a été vu par de nombreux observateurs comme une position claire de Pékin en qui concerne la nécessité d’apporter un soutien massif au monde multipolaire, devenu réalité. Mais qu’est-ce qui a réellement changé si l’on devait comparer au passé?
Si effectivement la Chine ne cachait pas son appartenance à la coalition de pays qui soutiennent le concept multipolaire dans les relations internationales, il est néanmoins vrai que dans le cadre des relations sino-africaines, l’accent était bien souvent mis sur la partie économique et commerciale de ces relations. Désormais et au vu des tensions et pressions existantes à l’heure actuelle sur l’arène internationale, y compris à l’encontre de la Chine et de ses intérêts, Pékin semble élever sa voix comme étant un soutien ferme au monde multipolaire.
Dans le cas plus particulier sino-africain, le leadership chinois compte vraisemblablement sur l’important soutien africain dans les instances internationales, et notamment dans le cadre onusien. Il est certain que vu le nombre de pays africains siégeant aux Nations unies et le nombre d’alliés de Pékin sur le continent africain, le poids réciproque se fera incontestablement sentir, y compris par les opposants déclarés de la multipolarité.
L’avantage indéniable dont jouit Pékin est non seulement dû au fait de sa très large interaction économico-commerciale avec les pays africains, mais également l’appréciation en Afrique de la politique chinoise respectueuse de la souveraineté, des valeurs et des traditions des peuples d’Afrique – sans oublier évidemment l’absence d’un passé colonial. A la différence de ceux qui continuent à donner des leçons au monde entier, y compris aux pays africains, sans pour autant avoir de quelconques bases réelles en termes des valeurs humanistes que les donneurs en question prétendent défendre.
Et vu le nombre de dossiers d’actualité internationale dans lequel le fossé continue de se creuser entre les partisans de la multipolarité d’un côté et les nostalgiques de l’ère unipolaire dépassée, cette interaction sino-africaine est plus que jamais importante.
Mikhail Gamandiy-Egorov