Le président destitué de la Corée du Sud, Yoon, est détenu et subit un interrogatoire sur la loi martiale

Yoon Suk Yeol, 63 ans, est le premier président sud-coréen arrêté, après une tentative avortée le 3 janvier. Accusé de rébellion et de trahison pour avoir imposé la loi martiale, il est interrogé à Gwacheon, près de Séoul.

Le président sud-coréen destitué, Yoon Suk Yeol, a été arrêté par la police lors d’une deuxième tentative mercredi et est actuellement interrogé, marquant un premier historique pour un dirigeant en exercice du pays.

Yoon, 63 ans, a été arrêté 43 jours après avoir choqué la nation le 3 décembre en imposant la loi martiale, une décision qui a été annulée quelques heures plus tard après avoir été rejetée par le parlement.

Il a été inculpé de sédition et de trahison, et le Bureau de l’investigation sur la corruption des hauts fonctionnaires (CIO) devrait « demander un mandat pour son arrestation formelle dans les 48 heures », a rapporté l’agence de presse Yonhap.

Le président destitué a été arrêté ce mercredi matin à son domicile à Séoul, dans le cadre d’une enquête menée par le CIO.

Le mandat de détention a été exécuté à 10h33, heure locale (01h33 GMT). Il a ensuite été transféré au bureau anticorruption de Gwacheon, situé au sud de la capitale, où l’interrogatoire officiel a débuté à 11h00 (02h00 GMT), en présence de ses avocats.

Après l’interrogatoire, les autorités prévoient de placer Yoon en détention au Centre de détention de Séoul, à Uiwang, à proximité du bureau de l’organisme anticorruption.

Durant l’interrogatoire, le CIO a révélé que Yoon avait refusé de répondre aux questions concernant la déclaration de la loi martiale.

L’arrestation de Yoon a donné lieu à des scènes dramatiques, après qu’au début du mois, le service de sécurité présidentielle ait empêché l’organisme anticorruption de procéder à l’arrestation du président.

Il s’agit d’un événement sans précédent dans l’histoire de la Corée du Sud, puisque c’est la première fois qu’un tribunal émet un mandat d’arrêt contre un président en exercice.

Yoon fait également face à une interdiction de voyage, un autre précédent pour un président en fonction.

Le 3 janvier, une confrontation de cinq heures a opposé les autorités alors qu’elles tentaient de l’arrêter, avant que l’organisme anticorruption ne soit contraint de repartir sans succès.

Cependant, le (CIO) a obtenu une prolongation du mandat d’arrêt jusqu’au 21 janvier et a constitué une équipe conjointe avec la police pour exécuter le mandat.

Près de 3 200 policiers ont été déployés pour sécuriser l’accès au complexe présidentiel, situé au pied du mont Maebong.

Comme prévu, l’équipe d’enquêteurs a lancé une opération de perquisition avant l’aube à la résidence de Yoon, entraînant des affrontements physiques lorsque la sécurité présidentielle a d’abord bloqué l’entrée de l’équipe d’arrestation.

Au moins une personne a été transférée à l’hôpital après avoir été blessée, bien que les circonstances exactes de l’incident demeurent floues.

Après sept heures d’opération, Yoon a été arrêté par les enquêteurs. Dans un message vidéo, il a qualifié son arrestation d’« illégale », expliquant sa décision de se rendre : “C’est pour éviter un bain de sang.”

La seconde tentative d’arrestation avait suscité des inquiétudes de violences entre la sécurité présidentielle et l’équipe d’enquêteurs. “Bien que je considère l’enquête illégale, j’ai décidé de me présenter pour prévenir un incident violent”, a déclaré Yoon.

Depuis son action surprise le mois dernier, des manifestations ont secoué la Corée du Sud, avec des soutiens et des opposants se mobilisant malgré le froid mordant.

Le 14 décembre, 204 des 300 députés ont voté en faveur de sa destitution.

Yoon reste suspendu de ses fonctions en attendant son procès devant la Cour constitutionnelle, qui dispose de six mois pour se prononcer sur la motion de destitution du parlement.

Il a refusé de participer à la première audience mardi, craignant une arrestation.

Un tribunal de Séoul avait émis des mandats d’arrêt à son encontre, après qu’il ait ignoré trois convocations des enquêteurs.

Si la motion est rejetée, Yoon retrouvera son poste. En cas de validation, il sera destitué et des élections présidentielles auront lieu dans les deux mois suivant la décision de la Cour.

En attendant, un président intérimaire assure les affaires de l’État.