Les réseaux sociaux au Mali, au Sénégal, et en Guinée… s’enflamment depuis les propos controversés du président tunisien, Kaïs Saïed, sur la présence des migrants subsahariens dans son pays. Dans le viseur des internautes, tous les produits de fabrication tunisienne.
Depuis le lancement de la campagne de boycott des produits tunisiens, plusieurs internautes ont associé leurs photos de profil au filtre “Nous boycottons”. Tandis que, d’autres ont partagé des listes noires des marques tunisiennes stigmatisées. Confrontés à la colère des consommateurs subsahariens, de nombreuses entreprises tunisiennes sont sur la sellette, de quoi inquiéter les milieux d’affaires.
Bien que les autorités tunisiennes aient tenté de jouer la carte de l’apaisement, notamment par la prolongation des attestations de résidence de trois à six mois, la facilitation des opérations de retour volontaire des migrants subsahariens en situation irrégulière et leur exemption des pénalités ou encore le renforcement de l’assistance sanitaire et sociale, les conséquences du boycott n’ont pas tardé à se faire sentir.
Dans un post publié sur sa page Facebook, Anis Jaziri président du Tunisia Africa Business Council (TABC), a fait le point sur l’évolution de la situation.
“Concernant la situation des étudiants, nous faisons un suivi quotidien avec le président de l’Association des étudiants africains, et pour la première fois en deux semaines dans les dernières 24 heures, nous n’avons enregistré aucune agression contre un étudiant subsaharien. Nous enregistrons aussi un retour progressif des étudiants dans leurs universités.
La campagne de boycott des produits tunisiens s’amplifie, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Guinée (Conakry). Nous n’avons pas enregistré de nouvelles plaintes de Tunisiens dans les pays africains. Mais, les répercussions de la crise sur le secteur de la santé et de l’éducation sont très importantes. De nombreux hommes d’affaires africains ont annulé leur visite en Tunisie”, a-t-il expliqué.
Jaziri a, par ailleurs, affirmé que certaines parties (sans les nommer) se servent de la crise actuelle pour priver les entreprises tunisiennes du marché africain.
A rappeler que dans un communiqué publié le 21 février, le chef de l’Etat tunisien, Kaïs Saïed, a annoncé que “des mesures urgentes” étaient nécessaires “contre l’immigration clandestine de ressortissants de l’Afrique subsaharienne”, dénonçant notamment la présence de “hordes de migrants clandestins” en Tunisie dont la venue relevait, selon lui, d’une “entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie”.
Ces propos ont suscité une vague d’indignation générale en Tunisie et dans la région. Une manifestation avait été organisée à Tunis, 4 jours après le communiqué controversé de la Présidence tunisienne, mobilisant des centaines de citoyens pour exprimer leur solidarité avec les migrants subsahariens.
Anadolu Agency