Alors que le président français Emmanuel Macron a rendu public sa stratégie pour l’Afrique dans un discours lundi, a également fait allusion à la « concurrence » de pays comme la Chine et la Russie sur le continent. Selon l’ambassadeur de Russie près le Bénin, « une concurrence saine et équitable ne fait jamais de mal ». Le Diplomate estime toutefois, que la nouvelle stratégie de la France pour l’Afrique est une tentative de l’occident collectif de renouer avec les pratiques néocolonialistes.
Selon l’ambassadeur Igor Evdokimov l’allusion faite à certaines puissances (la Chine et la Russie) qui auraient des attitudes de prédation des ressources africaines et qui viendraient sur le continent avec leur armée et de l’argent, c’est qu’une sorte d’accusations sans fondement pour tenter de cacher la différence entre les approches de la France en Afrique et celles d’autres pays qui y lient des relations de coopération plutôt sans ingérence.
« La politique de la Russie, ainsi que celle de la Chine, partenaires de longue date de l’Afrique, est pragmatique et repose naturellement sur un équilibre des intérêts nationaux. Nous établissons des relations d’égal à égal et respectons la souveraineté des pays africains et leur droit inaliénable à déterminer eux-mêmes leur politique intérieure et étrangère. Dans le même temps, une concurrence saine et équitable ne fait jamais de mal. C’est la principale différence entre les approches fondamentales de la Russie et celles des anciennes métropoles occidentales, y compris la France », a déclaré sans détour le diplomate.
Evoquant la stratégie elle-même de la France pour l’Afrique, il estime que cela rentre dans un processus de « l’occident collectif » pour maintenir son empire néocolonial. « Plus généralement, il s’agit d’une tentative désespérée de l’ »Occident collectif » de maintenir son empire néocolonial, qui lui a permis pendant de nombreuses années d’ignorer la souveraineté des pays africains, et pas seulement, et de continuer à piller leurs populations », déclare Igor Evdokimov.
Il poursuit son propos en expliquant qu’«aujourd’hui, surtout après que les chemins entre la Russie et l’Occident se sont séparés sans que ce soit notre faute, les pays occidentaux sont confrontés à l’urgence de trouver des nouvelles sources des ressources vitales pour soutenir leurs industries et développer leurs économies et, de préférence, à un coût minimal. Leur objectif est désormais de résoudre, pourrait-on dire, des problèmes existentiels. En témoignent les outils qu’ils utilisent, pour la plupart « antisportifs » : « lois » restreignant les activités de la Russie en Afrique, sanctions, listes d’exclusion, menaces, chantage ».
« Il est clair que les habitudes sont difficiles à changer, c’est pourquoi le renforcement du partenariat de la Russie avec l’Afrique est perçu dans un certain nombre de capitales occidentales comme un affront personnel. D’où leur travail actif auprès des Africains pour contrer notre pays sur le continent. Cependant, la Russie jouit auprès des Africains d’une réputation élevée et bien méritée de partenaire et d’ami fiable, prêt à venir en aide dans les situations difficiles. À notre avis, il sera difficile pour Paris de s’y opposer », soutient l’ambassadeur de la Russie près la république du Bénin.
De la politique de la Russie en Afrique
Poursuivant ses explications, Igor Evdokimov estime cependant, qu’il n’y a pas de quoi s’attarder sur le discours de Macron mais plutôt de revenir sur ce que la Russie propose aux pays africains et qui la rend assez crédible auprès d’eux. « Je ne veux pas m’attarder sur le discours d’Emmanuel Macron. Je peux parler au nom de mon pays. Nous construisons des relations avec l’Afrique en dehors du contexte de l’influence française – passé, présent et futur. Nous sommes intéressés par ce que pense l’Afrique – l’Union africaine, les pays individuels. Nous sommes intéressés par leur opinion », explique l’ambassadeur.
« Contrairement à la France, notre position de principe n’a jamais changé, que ce soit à l’époque soviétique ou dans la Russie d’aujourd’hui. Nous avons toujours considéré les pays africains comme des partenaires souverains et indépendants. Avec chaque pays, nous avons nos propres relations. Nous n’avons pas besoin de conseils de Paris », ajoute-t-il.
« Je voudrais répéter encore une fois les mots de Sergueï Lavrov (Ministre russe des affaires étrangères). Il a dit qu’Il n’y a rien à ajouter quant à savoir par qui et comment sont traités les besoins et les intérêts des pays africains. Nous n’avons rien à cacher et nous n’avons rien à avoir honte. Nous étions à l’origine de la libération de l’Afrique du « joug colonial ». L’Union soviétique a été l’un des principaux initiateurs de la Déclaration de 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ».
« Comme nous l’avons vu ces derniers temps, la rechute des instincts coloniaux suscite une réaction qui est décourageante pour les illusions de nos partenaires occidentaux qui ne veulent pas accepter que la marche de l’histoire nous a finalement amenés à respecter les principes de la Charte des Nations unies sur le respect de l’égalité souveraine des États », a conclu S.E.M. Igor Evdokimov.
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