Un collectif de l’opposition au Tchad a annoncé jeudi lors d’une conférence de presse maintenir sa manifestation prévue vendredi et en appelle à la “désobéissance civile” tout en dénonçant le “caractère illégal” de l’interdiction du rassemblement par la junte au pouvoir.
Wakit Tama, un collectif de partis d’opposition et d’associations de la société civile, avait appelé à manifester le 19 août contre le Conseil militaire de transition (CMT), dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno, fils du défunt président Idriss Déby, au pouvoir sans partage pendant plus de 30 ans, tué en se rendant au front contre des rebelles en avril 2021.
Wakit Tama souhaite manifester à la veille de l’ouverture à N’Djamena du Dialogue national inclusif entre l’opposition civile et armée et la junte au pouvoir. Un dialogue qui doit déboucher sur des “élections libres et démocratiques” et la remise du pouvoir aux civils. Wakit Tamma ne participera pas au dialogue, qu’elle considére comme “biaisé“.
Mercredi, le ministre de la Sécurité publique avait interdit la manifestation, estimant que les organisateurs de la marche n’ont pas “respecté le délai légal de dépôt”.
“Au-delà du caractère illégal de la décision du ministre de la Sécurité publique qui viole les instruments internationaux des droits de l’Homme que le Tchad a ratifiés, Wakit Tamma et ses partenaires décident de maintenir la marche du 19 août 2022 et de lancer la désobéissance civile sur l’ensemble du territoire national“, a déclaré lors d’une conférence de presse Max Laolngar, le coordinateur de Wakit Tamma.
“Quand l’arbitraire devient la règle et l’injustice une monnaie, la désobéissance civile est un droit sacré pour tout le peuple”, a-t-il poursuivi.
“Ils veulent défier la loi, ils vont tirer les conséquences de leurs actes”, a menacé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderamane Koulamallah.
Les manifestations de l’opposition sont régulièrement interdites par les autorités.
En avril 2021, quelques jours après l’arrivée au pouvoir de Mahamat Idriss Déby, six personnes avaient été tuées à N’Djamena, la capitale, et dans le sud du Tchad, selon les autorités, neuf selon une ONG locale, au cours de manifestations interdites par les autorités, organisées par l’opposition et la société civile.