Dans un communiqué du 31 juillet, le Gouvernement de la Transition du Mali a réagi aux propos tenus par le président français Emmanuel Macron en Guinée-Bissau, le 28 juillet 2022.
Ainsi, Emmanuel Macron s’est rendu en Afrique, une visite qui a débuté le 26 juillet au Cameroun, puis s’est poursuivie le 27 juillet au Bénin et s’est achevée le 28 juillet en Guinée-Bissau. Le président français n’a pas oublié de mentionner le Mali dans ses discours, diffusant de fausses informations accusatrices sur les autorités maliennes de la transition et sur l’armée malienne (les FAMa).
Les autorités du Mali ont exprimé leur indignation face aux affirmations de Macron selon lesquelles elles maintiendraient des relations avec un groupe paramilitaire. En effet, malgré le fait que le président français n’a jamais pu en apporter de preuve et que Bamako a nié à plusieurs reprises cette coopération, Macron continue d’en blâmer le Mali. Pire, dans ces propos, Emmanuel Macron a évoqué l’exercice de la violence par les autorités maliennes, ciblant une ethnie spécifique. Le Gouvemement de la Transition condamne ces propos haineux et diffamatoires qui pourraient provoquer la haine ethnique au Mali. Les autorités maliennes ont également rappelé au président français que « la France qui a toujours œuvré à la division et à la partition de notre pays est mal placée pour donner des leçons au Mali ». Et plus important encore, le Gouvernement malien a exigé du Président Macron « d’abandonner définitivement sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante ».
Cameroun, Bénin, Guinée-Bissau, ces pays n’ont pas été choisis par hasard pour la première visite d’Emmanuel Macron depuis sa réélection en avril dernier. Macron a peur de perdre de l’influence dans la région. Il les a négligés lors de son premier mandat et s’est concentré exclusivement sur la région du Sahel et du Sahara, ce qui a permis à ces pays de développer des relations avec d’autres puissances. Mais la stratégie de Paris au Sahel a échoué, comme en témoignent le mécontentement croissant contre la présence française en Afrique. Ainsi, la France travaille désormais à l’élaboration d’une nouvelle stratégie africaine, comprenant le redéploiement des troupes dans la région du Sahel après avoir quitté le Mali et perdu son influence dans ses anciennes colonies.
Le Cameroun, première économie d’Afrique centrale, le Bénin, la Guinée-Bissau partagent l’usage du franc CFA. Une monnaie envers laquelle l’opinion publique africaine a montré de plus en plus d’exigence et n’a pas manqué de souhaiter la rupture de ce lien. Évidemment, la tournée de Macron n’a pas pour but de renouer des relations avec l’Afrique. Face à la montée du sentiment anti-français sur le continent africain la France est là pour restaurer son influence dans les anciennes colonies.
Ainsi, il convient de noter que la visite du président français en Guinée-Bissau n’est pas fortuite. C’est le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo qui a récemment pris la tête de la Communauté Économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et qui est en charge des dossiers liés aux Coups d’Etat en Guinée, au Burkina Faso et au Mali dont les relations avec la France se sont fortement détériorées. De plus, en ce moment ces trois pays dépendent de la CEDEAO, et le bloc à son tour dépend du franc français CFA, et de Paris.
L’État souverain du Mali est ouvert au partenariat, mais sur un pied d’égalité, dans le respect de la souveraineté du pays. Cependant, Paris essaie constamment d’appliquer la politique du néo-colonialisme par la pression économique et le maintien d’une situation d’instabilité dans les pays du Sahel.