Des centaines de militaires et miliciens burundais ont été envoyés clandestinement dans l’Est de la RDC depuis fin 2021 pour traquer le groupe rebelle RED-Tabara, affirme mercredi dans un rapport l’ONG Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB).
L’armée burundaise a toujours démenti toute opération secrète, affirmant agir uniquement dans le cadre d’interventions connues par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’Union africaine ou l’ONU.
Le Burundi fait notamment partie d’une force militaire régionale décidée en juin par l’EAC afin de lutter contre les groupes armés qui ensanglantent l’Est de la RDC et enveniment les relations avec les pays voisins.
Mais selon l’IDHB, organisation basée à l’étranger qui a recueilli de nombreux témoignages (soldats, familles, membres du parti au pouvoir et de l’opposition…), des militaires et des “Imbonerakure” – membres du mouvement de jeunesse du parti au pouvoir – ont été secrètement déployés dès décembre 2021.
“Depuis plus de 10 ans, les militaires burundais et les Imbonerakure cherchent périodiquement à traquer les groupes armés d’opposition burundais en RDC. Mais l’opération actuelle est d’une ampleur et d’une durée différentes”, écrit l’IDHB.
“Plusieurs centaines de militaires burundais et d’Imbonerakure – plus de 1.000 – se seraient rendus en RDC par vagues successives depuis fin 2021. On estime qu’environ 700 s’y sont rendus à un moment donné, au début du déploiement en décembre 2021”, détaille-t-elle, tout en affirmant ne pouvoir confirmer “le nombre exact de militaires et d’Imbonerakure déployés, ni le nombre d’incursions”.
“Le Groupe d’experts de l’ONU a recueilli des informations sur 17 incursions ou opérations de l’armée burundaise et des Imbonerakure dans le territoire d’Uvira, en RDC, entre septembre 2021 et mars 2022”, souligne-t-elle.
Selon les témoignages, cet envoi de troupes s’est fait clandestinement.
“De nombreux militaires ont reçu l’ordre de revêtir des vêtements civils avant de passer en RDC. (…) Des responsables militaires ont également empêché les soldats d’emporter avec eux leurs pièces d’identité et leurs téléphones portables”, écrit l’IDHB.
Les autorités burundaises ont très peu communiqué d’informations aux familles des tués en RDC, dont le nombre précis n’est pas connu.
“Certains Imbonerakure étaient en colère contre la façon dont ils ont été traités pendant l’opération militaire en RDC ainsi que contre le manque perçu de reconnaissance de la part des autorités burundaises pour le rôle qu’ils ont joué. Les Imbonerakure ont reçu des ordres stricts de ne pas parler de leur mission”, écrit l’IDHB.“Certains ont estimé qu’ils avaient été induits en erreur ou trompés. D’autres se sont sentis abandonnés”.
Créé en 2011, le RED-Tabara est le plus actif des groupes rebelles burundais. Ce mouvement, considéré comme “terroriste” par les autorités, a revendiqué en septembre une attaque contre l’aéroport international de Bujumbura, la capitale économique, théâtre de plusieurs attaques le même mois.
En mai, le président Evariste Ndayishimiye s’est dit prêt “à dialoguer” avec les groupes rebelles burundais basés dans l’Est de la RDC.
VOA Afrique