Le parti du président Alassane Ouattara s’acheminait lundi vers une victoire aux élections législatives de samedi en Côte d’Ivoire, qui se sont déroulées sans violences, contrairement à la présidentielle d’octobre 2020.
La Commission électorale indépendante (CEI) n’avait pas encore publié lundi soir les résultats complets des 205 circonscriptions, mais le parti au pouvoir semblait assuré d’obtenir au moins 128 des 255 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale.
Ce parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est donc sur le point d’atteindre son « objectif » de « 60% » des sièges à l’Assemblée, qui devrait lui permettre de poursuivre la politique de « réformes » du chef de l’Etat, réélu le 31 octobre 2020 pour un troisième mandat controversé.
Sa réélection avec plus de 94% des voix lors d’un scrutin boycotté par l’opposition avait été marquée par des violences tout au long de la période électorale qui ont fait 87 morts.
Les élections de samedi ont réuni, pour la première fois depuis dix ans en Côte d’Ivoire, l’ensemble des principaux acteurs politiques, laissant espérer un apaisement de la vie politique d’un pays à l’histoire récente marquée par de fortes tensions et des violences électorales.
A Abidjan, dans la commune de Yopougon, plus grande circonscription du pays avec près de 500.000 électeurs (sur 7,4 millions), l’opposition a appelé ses partisans « à rester calmes » dans l’attente des résultats officiels.
Face au RHDP, le parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ex-président Henri Konan Bédié a formé une alliance avec Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), coalition regroupant les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, dominée par son parti, le Front populaire ivoirien (FPI).
Son objectif était d’empêcher la constitution « d’un pouvoir absolu » de M. Ouattara et de son parti.
Tout comme le RHDP, le PDCI avait revendiqué dimanche sa victoire et mis en garde contre « l’inversion des résultats » dans plusieurs grandes villes, dénonçant des fraudes, accusations rejetées par le parti au pouvoir.
Outre la victoire quasi-assurée du parti présidentiel, la journée de lundi a été marquée par la nomination du secrétaire général de la présidence Patrick Achi comme Premier ministre par intérim.
Il remplace Hamed Bakayoko, 56 ans, qui avait été évacué en France le 18 février pour raisons de santé et vient d’être transféré en Allemagne, selon une source proche de la présidence.
– « Prier » pour Bakayoko –
« Compte tenu de son état de santé, il devra rester encore quelques temps en hospitalisation », avait déclaré samedi le président Ouattara, demandant à tous les Ivoiriens de « prier » pour lui, sans préciser de quoi il souffre.
Hamed Bakayoko avait succédé en juillet 2020 au poste de Premier ministre à Amadou Gon Coulibaly, décédé quelques jours après son retour d’une hospitalisation et d’une convalescence de deux mois en France pour des problèmes cardiaques.
Le président Ouattara a également nommé son frère cadet Téné Birahima Ouattara, actuel ministre des Affaires présidentielles, comme ministre de la Défense par intérim pour remplacer M. Bakayoko qui détient aussi ce portefeuille.
Candidat aux législatives, Patrick Achi a été réélu à Adzopé (sud), ainsi que Hamed Bakayoko qui l’emporte largement dans son fief de Séguéla (nord) malgré son absence.
Parmi les résultats marquants, le RHDP l’emporte dans la grande commune populaire d’Abobo à Abidjan, et s’empare de deux anciens fiefs du PDCI, la capitale Yamoussoukro et Grand Bassam (sud), selon les chiffres de la CEI.
Ces législatives ont marqué le grand retour du FPI de Laurent Gbagbo. Son parti boycottait tous les scrutins depuis l’arrestation de M. Gbagbo en avril 2011 à Abidjan et son transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, après des violences à la suite de la présidentielle de 2010 ayant fait 3.000 morts.
Acquitté en première instance de crimes contre l’humanité, M. Gbagbo a annoncé son retour prochain en Côte d’Ivoire. La CPI l’a autorisé à quitter la Belgique, où il réside depuis sa libération conditionnelle en janvier 2019, dans l’attente d’un éventuel appel de la procureure.
Source: La Minute Info