Plusieurs groupes armés anti-balaka et ex-Séleka s’unissent, dans un communiqué commun daté du mercredi 16 décembre, pour dénoncer l’accord de Khartoum, insuffisamment appliqué selon eux. Ils menacent d’utiliser « tous les moyens » si le gouvernement ne consent pas à organiser des concertations à ce sujet avant l’organisation de la présidentielle et des législatives, prévues le 27 décembre. En cause : l’incapacité, selon eux, du gouvernement centrafricain à faire appliquer l’accord signé en février 2019 et censé ramener la paix dans le pays.
Le communiqué de deux pages est paraphé par six leaders de groupes armés ou de leurs représentants. Parmi les plus influents signataires de l’accord de Khartoum : UPC, MPC, FPRC, 3R, et deux groupes anti-balaka. Jeudi soir, la moitié avait confirmé à RFI l’authenticité du document, signé mercredi 16 décembre à Kamba Kota, dans la préfecture de l’Ouham, dans le nord-ouest du pays.
Les auteurs y dénoncent l’« incapacité », selon eux, du gouvernement à faire appliquer l’accord de Khartoum… qu’ils sont eux-mêmes régulièrement accusés de violer. Ils placent le pouvoir de Bangui face une alternative : soit accepter d’organiser une « large concertation nationale » avant la tenue des élections, soit s’obstiner à « manipuler », disent-ils, l’organisation du scrutin en vue d’un « hold-up » électoral, et s’exposer à ce que ces groupes armés utilisent « tous les autres moyens de coercition » pour obtenir gain de cause.
L’ONU s’inquiète de possibles perturbations autour des élections
Cette déclaration menaçante intervient alors que depuis plusieurs jours, d’importants mouvements de troupes sont signalés dans le nord-ouest du pays. La Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine) y a renforcé ses barrières de contrôle et ses patrouilles, sur l’axe Bossangoa Bangui notamment. L’ONU s’est plusieurs fois inquiétée, ces derniers jours, d’un risque de perturbations du processus électoral par des groupes armés, et a appelé les acteurs politiques, notamment l’ex-président François Bozizé, à s’abstenir de toute tentative d’alliance avec eux.