Plus de 145 000 tonnes de riz sont distribuées par l’État pour les ménages les plus vulnérables pendant la crise du coronavirus. Mais l’acheminement des stocks pose aujourd’hui problème à une partie de la société civile, le marché ayant été obtenu par l’homme d’affaires et député Demba Diop Sy. Sa double casquette alimente les soupçons de clientélisme.
Clientélisme, surfacturation, détournement de fonds… les accusations vont bon train autour de l’acheminement des 145 000 tonnes de riz d’aide alimentaire au Sénégal. En cause, l’attribution du marché par Mansour Faye, ministre du Développement communautaire et de l’Équité territoriale, à la société sénégalaise UDE, spécialisée le transport. Problème : la société est dirigée par l’homme d’affaire Demba Diop Sy, également député au sein du groupe majoritaire BBY, Benno Bokk Yaakaar.
Si d’ordinaire, la loi ne permet pas aux débutés d’obtenir des marchés publics sans une dérogation de l’Assemblée nationale, l’état d’urgence change la donne. C’est ce que dénonce la société civile, à l’image de l’activiste Guy Marius Sagna, pour qui le transport de l’aide alimentaire confié à un député est une forme de « corona-business » rendu possible par la loi d’habilitation, votée le 1er avril et permettant à Macky Sall de légiférer par ordonnance.
Des accusations balayées par Mansour Faye
Le ministère du Développement communautaire, lui, balaie toutes les accusations estimant que l’état d’urgence permettait effectivement de confier le marché à l’UDE, en toute légalité, insistant sur le fait d’avoir publié un appel d’offres au nom de la transparence alors qu’il n’y était pas tenu.
Quant aux questions de surfacturations et de détournements de fonds, le ministre Mansour Faye les conteste farouchement : « Moi je ne connais pas Demba Diop Sy. C’est l’entreprise UDE que je connais, qui a été soumissionnaire et qui a bénéficié effectivement d’un quota de transport en région. Et je rappelle que concernant le transport, nous, on contractualise par régions et par quantités. Donc si le fournisseur, effectivement, satisfait à ces conditions, nous continuerons à travailler avec lui. Moi, je lance un appel à l’ensemble de la société civile, de consacrer son temps sur l’essentiel. Franchement, être là à cogiter, à parler, à parloter… ce n’est pas nécessaire. Monsieur le président m’a fixé un délai très court. Il m’a dit quinze jours ! Je sais que c’est un délai très difficile à tenir, mais si tout le monde nous prête main-forte, je pense fondamentalement que nous allons atteindre nos objectifs. C’est cela qui vaut et rien d’autre. »
Dans le pays, 141 patients restent pris en charge dans les hôpitaux du pays pour cause de coronavirus. Le ministre de la Santé, ce vendredi matin, a alerté les Sénégalais à propos de la propagation des cas communautaires. « Chacun d’entre nous est menacé » par ces foyers de contamination, a souligné Abdoulaye Diouf Sarr.