Le FMI sous pression de Washington vis-à-vis du Ghana

Le président ghanéen John Dramani Mahama envisage de solliciter des financements supplémentaires auprès du Fonds monétaire international.

James Risch, président de la commission sénatoriale des affaires étrangères des États-Unis, appelle le FMI à conditionner tout nouveau décaissement au Ghana au remboursement de ses dettes envers les entreprises américaines.

Alors que le nouveau régime ghanéen conduit par le président John Dramani Mahama envisage de solliciter des financements supplémentaires auprès du Fonds monétaire international (FMI) afin de soutenir son économie, un obstacle majeur pourrait compromettre ce projet.

Pour le sénateur américain James Risch, le pays ouest-africain devrait d’abord honorer ses créances vis-à-vis des sociétés américaines. “Le gouvernement précédent n’a pas respecté ces obligations à plusieurs reprises”, a indiqué le 13 janvier dernier, l’élu de l’Idaho également président de la commission sénatoriale des affaires étrangères, dans une publication sur X.

Cette sortie succède à une interpellation déjà adressée le mois dernier par l’intéressé à Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor de l’administration sortante sur la même question. Dans une lettre en date du 2 décembre 2024, le sénateur républicain exprime de vives préoccupations concernant ce potentiel financement de l’institution de Bretton Woods.

251 millions de dollars de créances

Conclu en 2023 par le régime précédent sous la houlette de l’ancien chef de l’État Nana Akufo-Addo dans un contexte de crise économique persistante, il s’agit d’une nouvelle ligne de crédit dans le cadre du plan d’aide triennal de 3 milliards de dollars sur trois ans.

“Étant donné les arriérés significatifs rapportés dus par le gouvernement du Ghana aux entreprises américaines, je vous demande d’examiner attentivement les effets sur ces créanciers et le message que ce prêt pourrait avoir sur d’autres emprunteurs souverains détenteurs de dettes envers des entreprises américaines”, écrit James Risch.

Il évoque 251 millions de dollars d’arriérés dus par l’État ghanéen à plusieurs entreprises américaines, dont le géant pétrolier Kosmos Energy, la spécialiste des infrastructures de télécommunications American Tower Company (ATC), la start-up de livraison par drone Zipline, ou encore Chubb, la compagnie d’assurance.

“Bien que certaines entreprises aient réussi à recouvrer des paiements spécifiques, le gouvernement du Ghana semble avoir systématiquement violé les plans de remboursement antérieurs et actuels. Ces dettes impayées imposent une tension financière considérable aux entreprises américaines dans le pays et mettent en péril leurs opérations”, ajoute-t-il.

Une nouvelle donne de multilatéralisme ?

Le sénateur Risch exhorte Janet Yellen à user de l’influence des États-Unis, principal actionnaire du Fonds avec 16,5% des droits de vote, pour conditionner tout nouveau soutien à l’établissement d’un plan de remboursement concret et exécutoire.

“Un tel plan devrait également inclure des mécanismes transparents d’audit, de rapport et d’application pour permettre au Conseil exécutif du FMI d’en surveiller la conformité. Tous les fonds provenant de ce décaissement devraient être affectés au remboursement d’au moins une partie de la dette due aux entités américaines”, appuie-t-il encore.

La position de James Risch révèle une volonté de réorganiser la hiérarchie traditionnelle des créanciers, plaçant les intérêts privés américains au même niveau, sinon au-dessus, des créanciers multilatéraux.

À l’heure où Donald Trump retourne à la Maison Blanche avec sa doctrine de “l’Amérique d’abord”, cela pourrait préfigurer une nouvelle donne pour les mécanismes multilatéraux de gestion de la dette.