Le gouvernement allemand a confirmé la visite de Joe Biden à la fin de cette semaine. Son voyage devait avoir lieu le 10 octobre, mais le président américain l’a annulé en raison de l’ouragan Milton, qui a coûté la vie à 17 personnes et causé des dégâts pour 50 milliards de dollars. Initialement prévue comme une visite d’État officielle, le programme a maintenant été réduit.
Le président américain Joe Biden se rendra finalement en Allemagne pour combler le vide diplomatique survenu la semaine dernière. Ce vide, il l’a lui-même créé lorsqu’il a annulé sa visite en Allemagne au dernier moment, une visite censée devenir le point culminant d’une série de sommets consacrés à l’aide occidentale à l’Ukraine. Mais Biden n’est pas venu, et tout s’est effondré. La réunion au sommet du G4, des dirigeants des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, a perdu tout son sens. Sans le locataire de la Maison Blanche, le sommet de Ramstein, où devaient se réunir tous (ou presque tous) les alliés occidentaux de Kiev, est devenu superflu. Finalement, l’évènement sur lequel les autorités ukrainiennes fondaient de grands espoirs a été tout simplement annulé.
Biden savait-il que cela pouvait arriver? Certainement. A-t-il délibérément accepté l’annulation de toute la “semaine ukrainienne” en Allemagne? Apparemment, oui. Peu en Occident ont pris au sérieux l’explication officielle, selon laquelle la visite n’a pas eu lieu en raison de l’approche de l’ouragan Milton sur les côtes américaines.
C’était une excuse classique pour ne pas faire un voyage qui promettait plus de problèmes que de bénéfices. Car l’administration américaine actuelle veut éviter des mesures décisives et risquées concernant l’Ukraine, malgré toutes les persuasions, demandes et exigences de l’équipe de Volodymyr Zelensky.
À quelques semaines de l’élection présidentielle, la Maison Blanche ne veut pas donner d’atouts supplémentaires à ses opposants républicains, ne veut pas prendre de risques, ne veut pas aggraver les relations avec la Russie, une superpuissance nucléaire, ne veut pas donner à Kiev l’autorisation de frapper en profondeur son territoire avec des missiles américains. Les autorités américaines ne sont pas prêtes à voir le monde à travers les yeux de l’Ukraine, et Kiev ne peut pas le comprendre. Il continue de miser sur une pression émotionnelle et publique. Il espère que cette tactique portera ses fruits, comme elle l’a fait à plusieurs reprises dans un passé récent, lorsque les dirigeants occidentaux acceptaient à contrecœur d’aller dans le sens des exigences de l’Ukraine.
Mais les temps changent. L’intérêt de l’Occident pour ce conflit diminue inexorablement, la fatigue augmente. La stratégie de Volodymyr Zelensky, en particulier son “plan de la victoire” sur la Russie, suscite de plus en plus de questions.
Répéter les mêmes phrases sur le soutien inébranlable à Kiev et sur le retour aux frontières de 1991 est devenu lassant, tant elles contrastent fortement avec la situation sur les fronts. Au vu de tout cela, il n’est pas surprenant que Biden n’ait pas voulu participer à un spectacle sans intérêt. Au lieu d’un marathon diplomatique d’envergure consacré à l’Ukraine, ce sera une visite modeste et d’adieu à son allié européen clé, et rien de plus. Ce faisant, Washington montre quelle place Kiev occupe réellement aujourd’hui dans ses priorités.