Au Burkina Faso, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a décidé ce jeudi 25 avril 2024, de la suspension temporaire des programmes de BBC/Afrique et de VOA pour avoir diffusé un rapport de l’ONG Human Rights Watch qui accuse l’armée burkinabè d’exactions sur des populations civiles.
C’est un nouveau coup de massue pour la liberté de la presse au Burkina. Suite à la publication d’un rapport de l’ONG Human Rights Watch sur son site internet et de la diffusion dudit rapport sur les ondes et les plateformes numériques de BBC-Afrique et de VOA, le régulateur des médias au Burkina Faso annonce la suspension de BBC et de VOA du Burkina Faso, pendant 2 semaines.
« Ces accusations font suite à la publication d’un document par l’ONG Human Rights Watch sur son site internet. Le CSC a décelé dans le contenu dudit article d’énormes déclarations péremptoires et tendancieuses contre l’armée burkinabè sans éléments de preuve tangible, d’autant plus que le même article invite à une enquête indépendante. », peut-on lire dans le communiqué du Conseil supérieur de la communication, en date de ce 25 avril 2024.
« Cette approche porte atteinte aux principes cardinaux du traitement de l’information, en ce qu’elle constitue une désinformation de nature à porter le discrédit sur l’armée burkinabè« . « Le Collège des conseillers, réuni en session extraordinaire, a décidé de la suspension des programmes des deux radios internationales émettant à Ouagadougou pour une durée de deux semaines à compter de la notification de ladite décision. Dans le même ordre, le Collège a enjoint aux Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) de suspendre l’accès aux sites internet et les autres plateformes numériques de la BBC, de la VOA et de l’ONG HUMAN RIGHTS WATCH à partir du territoire burkinabè ».
« Burkina Faso : L’armée aurait massacré 223 villageois »
L’armée burkinabè a exécuté sommairement au moins 223 civils, dont au moins 56 enfants, dans deux villages le 25 février 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. La révélation de ce massacre, deux mois après les faits, a été permise par les témoignages de quatorze rescapés des tueries, d’organisations internationales et de la société civile, ainsi que par l’analyse de photos et de vidéos.
Des « soldats ont ordonné à des personnes de sortir de chez elles » avant de les « rassembler en trois groupes – hommes, femmes et enfants – » et de leur « tirer dessus à bout portant, achevant ceux qui étaient encore vivants », selon les récits des rescapés recueillis par l’organisation de défense des droits humains. Les « individus qui s’enfuyaient » ont également été visés.
« Les massacres perpétrés dans les villages de Nondin et Soro ne sont que les derniers exemples d’exactions menées contre les civils par l’armée burkinabè dans le cadre de ses opérations de contre-insurrection », a déclaré Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch.