Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a estimé lundi qu’il n’était plus dans l'”intérêt” de la France de “discuter avec les responsables russes”. Séjourné a tenu ces propos lors d’une interview accordée à RFI et France 24 depuis Abidjan dans laquelle il a évoqué outre les relations franco-russes, l’élection présidentielle au Sénégal ou encore la situation dans la Bande de Gaza.
“Ce n’est pas aujourd’hui notre intérêt de discuter avec les responsables russes puisque les communiqués qui sortent, les comptes rendus qui en sont faits sont mensongers”, a déclaré le chef de la diplomatie française, en référence à un récent entretien téléphonique entre les ministres des armées russe et français qui s’est soldé par des comptes rendus divergents. Dans son compte rendu de l’entretien, entrepris par Paris, la Russie a notamment dit “espérer” que les services secrets français ne soient pas impliqués dans l’attentat de Moscou survenu le 22 mars dernier. Des “commentaires” jugés “baroques et menaçants” jeudi dernier par le président français Emmanuel Macron.
“Il faut peut-être d’abord établir la confiance, peut-être surtout avoir une évolution sur le terrain militaire en Ukraine pour que les relations (franco-russes, NDLR) puissent se renouer. Ce n’est pas le cas encore aujourd’hui”, a encore indiqué Stéphane Séjourné ce lundi.
Interrogé sur la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle au Sénégal, le MAE français a salué “une démocratie mature [et] avérée”.
“D’abord dire de manière très sincère et transparente que le processus démocratique a fonctionné, qu’il y a des alternances comme beaucoup de pays. Alors, on peut aimer plus ou moins les orientations politiques mais qu’on puisse collectivement se satisfaire que les institutions sénégalaises ont été fortes, que l’alternance est venue par les urnes et que l’élection a été totalement transparente”, a-t-il souligné.
Et de poursuivre : “Et donc c’est la force du Sénégal de permettre ça, une démocratie mature, avérée, qui elle-même construit ses alternances en fonction de ce que veut le peuple”.
“C’est un message qui est envoyé à un certain nombre de régimes qui pensent que les idées ne peuvent advenir que par la force ou par des régimes militaires”, a estimé Séjourné.
Stéphane Séjourné a, par la même occasion, affirmé la nécessité de “redonner du positivisme aux relations entre la France et l’Afrique”.
Concernant la situation dans la Bande de Gaza, le ministre français des Affaires étrangères a déclaré qu’il faudra “des leviers d’influence” sur Israël “pour obtenir l’ouverture humanitaire”. Il a soutenu qu’il n’était “pas utile” de reconnaître la Palestine comme un État “sans l’introduire dans un processus de paix”.
Stéphane Séjourné a achevé lundi en Côte d’Ivoire sa première tournée africaine qui l’a mené au Kenya et au Rwanda.