L’Assemblée nationale au Sénégal a adopté lundi “sans débat” le projet de loi portant report de la présidentielle du 25 février 2024, après l’évacuation forcée de députés de l’opposition. Le scrutin se tiendra le 15 décembre 2024 à la faveur d’un amendement alors que le texte initial préconisait un report de six mois.
L’article 2 du texte adopté proroge le mandat du président Macky Sall jusqu’à la passation de service avec son successeur.
104 députés ont voté pour et une voix contre, au terme d’une plénière houleuse et suspendue à plusieurs reprises.
De l’ouverture de la séance, un peu avant midi (heure locale), à 20h30, les discussions ont tourné autour de questions préalables portées par des députés de l’opposition sur le caractère inopportun du projet de loi.
Le vote s’est déroulé finalement en l’absence des députés de l’opposition évacués de force de la salle par des éléments des forces de défense et de sécurité.
Ces parlementaires s’opposaient au vote sans débat décidé par le président du Parlement, après une proposition en ce sens émise par leurs collègues de la mouvance présidentielle et leurs alliés du Parti démocratique sénégalais ( PDS).
Lors d’une adresse à la nation, le président Macky Sall avait annoncé l’abrogation du décret portant convocation du corps électoral le 25 février 2024, annulant de facto sine die la présidentielle pour laquelle 20 candidats étaient en lice.
Il a motivé cette décision par un différend opposant l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel faisant suite à l’instauration d’une commission parlementaire pour enquêter sur l’invalidation de la candidature de Karim Wade à cause de sa double nationalité franco-sénégalaise.
Plus d’une dizaine de candidats ont appelé à la mobilisation dimanche pour le démarrage de la campagne électorale. Des heurts entre forces de l’ordre et populations ont ainsi éclaté dans plusieurs coins de la capitale. Des barricades ont été érigées et des pneus brûlés par des manifestants réagissant avec des jets de pierre aux grenades lacrymogènes des FDS.
La chaîne de télévision privée Walfadrjri Tv a vu son signal coupé dimanche soir par les autorités pour « incitation à la violence ». Le ministre de la Communication a aussi décidé lundi de la suspension provisoire de l’internet des données mobiles à cause de la « diffusion de messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux ».
Des candidats, dont Cheikh Tidiane Dièye, Malick Gakou ou encore Habib Sy, ont déposé lundi au Conseil constitutionnel des requêtes aux fins de poursuite du processus électoral.
Au même moment, la candidate Rose Wardini a été déférée pour parjure. Cette candidate indépendante dispose d’une double nationalité franco -sénégalaise alors qu’elle avait déclaré sur l’honneur disposer de la nationalité exclusivement sénégalaise.
Des organisations syndicales et religieuses avaient appelé dimanche à la tenue du scrutin à date échue.
C’est la première fois qu’une élection est reportée au Sénégal.