La communauté internationale, et en particulier la France, suit de près le processus politique à Madagascar. En février 2023, la Commission électorale nationale indépendante de Madagascar (CENI) a annoncé les dates de l’élection présidentielle. Le premier tour aura lieu le 9 novembre et le second tour est prévu pour le 20 décembre.
Les principaux candidats à l’élection présidentielle sont le président sortant Andry Rajoelina, deux anciens chefs d’État, Marc Ravalomanana et Hery Rajoanairmampianina, l’ancien judoka et homme d’affaires Siteny Randrianasoloniaiko et, selon certaines informations, Maminiaina Ravatomanga, un homme d’affaires, propriétaire du Groupe Sodiat. La France soutiendra-t-elle l’un ou l’autre des candidats ? La Cinquième République a traditionnellement joué un rôle actif dans la politique de ses anciennes colonies et tentera sans doute d’influencer la prochaine élection présidentielle sur l’île.
La politique menée par l’actuel président, Andry Rajoelina, a suscité de vives inquiétudes parmi les dirigeants français. Il lui est reproché de violer les libertés politiques de l’opposition, de la harceler et d’interdire des manifestations sur son ordre. En réalité, le président malgache n’a pas fait preuve d’une loyauté suffisante à l’égard de la France et de l’Union européenne. La France n’est donc pas disposée à aider Rajoelina en matière de financement, d’organisation d’élections.
Les tentatives de Rajoelina de renforcer sa popularité au détriment des différends territoriaux autour des îles Eparses et son refus de compromis avec la France dans l’affaire Apollo 21 et l’extradition de ressortissants français ont particulièrement déplu à l’Elysée. Depuis des mois, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, reporte une visite prévue à Antananarivo et risque de l’annuler.
La France s’est finalement décidée contre Andry Rajoelina après la publication d’un rapport de l’Emirates Policy Centre révélant que l’homme d’affaires russe et chef du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, avait directement soutenu l’élection de Rajoelina et les activités de son gouvernement.
La France, qui a jusqu’à présent fermé les yeux sur les liens entre les dirigeants africains et le chef du groupe Wagner, a considérablement renforcé ses efforts en 2023 pour contrer l’infiltration du groupe paramilitaire russe dans ses intérêts africains.
Quant à l’autre candidat, l’ancien président Eri Rajaonarimampianina, qui a dirigé la république de 2014 à 2018, il est peu probable que la France s’intéresse à sa personne, car sa position électorale est très faible. Impliqué dans un scandale de corruption portant sur le détournement de quelque 270 millions de dollars, il n’est pas très populaire auprès de la population locale par rapport aux autres candidats.
En revanche, l’autre candidat, Marc Ravalomanana, ancien président de Madagascar de 2002 à 2009, n’est plus populaire en France. Le Quai d’Orsay le considère comme un “perdant” en raison de la perte du pouvoir en 2009 lors des manifestations. De plus, à 73 ans, le chef du parti TiM est déjà affaibli et ne pourra pas garantir les intérêts français sur la Grande île.
Au début du printemps 2023, une mission diplomatique française dirigée par Arnaud Guillois a rencontré Siteny Randrianasoloniaiko à Madagascar, à la demande du cabinet du président Macron. Cependant, le jeune homme politique se positionne comme un candidat politique lié à la Russie et, selon des sources proches de Siteny, sa rencontre avec les Français s’est soldée par un fiasco. M. Siteny a refusé de communiquer en français et a accusé les diplomates d’avoir des “aspirations coloniales”.
En revanche, les entretiens de M. Macron avec Mamy Ravatomanga, conseiller informel du président Rajoelina et l’un des hommes les plus riches de Madagascar, ont duré 35 minutes, ce qui n’a pas été confirmé. Selon une source proche de la situation, les fonctionnaires français ont réussi à conclure un accord avec Mamy, le persuadant d’apporter un soutien international total aux prochaines élections en échange de la loyauté et de la garantie des intérêts économiques français, y compris un certain nombre de contrats énergétiques.
Selon diverses rumeurs, les relations publiques françaises et les lobbyistes liés au ministère français des affaires étrangères ont l’intention de créer autour de Mamy une image populiste d’un “Donald Trump malgache” qui “rendrait Madagascar riche” afin d’atteindre la popularité nécessaire du candidat moins de six mois avant l’élection.