Le directeur de la CIA, William Burns, effectuait jeudi une visite en Libye où il s’est entretenu avec le chef du gouvernement basé à Tripoli, un mois après l’extradition aux Etats-Unis d’un suspect libyen de l’attentat de Lockerbie.
Il s’agit de la première visite d’un directeur de la CIA depuis l’attaque contre le consulat américain à Benghazi (est) en 2012, ayant fait quatre morts dont l’ambassadeur des Etats-Unis.
“Le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a rencontré jeudi à Tripoli le directeur de la CIA William Burns”, en présence de la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangouch, et du chef des renseignements libyen, Hussein al-Ayeb, a indiqué le service de presse du gouvernement libyen sur Facebook.
Lors de l’entretien, M. Burns – en poste depuis mars 2021 – a “souligné la nécessité de développer la coopération économique et sécuritaire entre les deux pays”, selon la même source.
Le gouvernement Dbeibah, reconnu par l’ONU mais dont la légitimité est contestée par le camp rival de l’Est libyen, a extradé mi-décembre vers les Etats-Unis Abou Agila Mohammad Massoud Kheir al-Marimi, un suspect dans l’attentat contre un avion de la Pan-Am, survenu en 1988 au-dessus de Lockerbie en Ecosse (270 morts).
Après cette extradition, le gouvernement Dbeibah a essuyé des critiques virulentes dans l’opinion ainsi que de la part de ses rivaux politiques et de défenseurs des droits estimant que le dossier Lockerbie, clos en 2003, ne devait pas être rouvert.
De nombreux analystes ont affirmé que le pouvoir de Tripoli avait pris le risque de s’exposer à de telles critiques en espérant en contrepartie de cette extradition un soutien américain accru face à ses rivaux dans ce pays profondément divisé.
Sous la pression de l’opinion publique, M. Dbeibah a assuré avoir “agi dans le respect de la souveraineté de la Libye” et nié vouloir extrader aussi Abdallah Senoussi, ex-chef des renseignements libyens, beau-frère par alliance de Mouammar Kadhafi.
La Libye a sombré dans le chaos après le soulèvement ayant entraîné la chute du régime de Kadhafi en 2011, avec des pouvoirs rivaux, une myriade de milices armées et des mercenaires étrangers disséminés dans le pays, sur fond d’ingérences étrangères.
Selon des médias locaux, le chef du renseignement américain devrait se rendre par la suite à al-Rajma (25 km à l’est de Benghazi), pour rencontrer le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen.
Africa News