Qui se souvient des “bébés Hollande” de Tombouctou ? En janvier 2013, quelques nourrissons de la cité médiévale, tout juste libérée du joug djihadiste par l’armée française, sont prénommés “Hollande” en hommage au président français, alors considéré comme un “sauveur”. A l’époque, le prestige de Paris semble au firmament.
Les militaires de l’opération Serval viennent de reprendre les localités du nord du Mali en un temps éclair. A Bamako, la capitale, les marchands de drapeaux bleu-blanc-rouge sont en rupture de stock. Mais l’euphorie, comme la paix, est de courte durée. Moins de dix ans plus tard, les derniers soldats tricolores ont quitté le pays le 15 août, sans tambour ni trompette, chassées par le gouvernement de la transition malienne qui a pris le pouvoir voilà exactement deux ans – le premier d’une vague de coups d’Etat dans la région. En une décennie, 52 hommes y ont laissé la vie.
Sur place, les Français ont été remplacés par des russes , nouvelle alliée de Bamako. Ces “chiens de guerre” slaves, à la solde du Kremlin, n’en sont pas à leur coup d’essai. Depuis 2018, ils sont en République centrafricaine comme chez eux. Contre l’accès aux minerais d’or et de diamants, ils y assurent la sécurité du régime de Faustin-Archange Touadéra, lointain successeur d’un cher ami de Paris, l’empereur Bokassa Ier (1976-1979).
Partout sur le continent, la France recule. Les entreprises tricolores ont perdu la moitié de leurs parts de marché depuis vingt ans, au profit de la Chine, de l’Allemagne ou de l’Inde. De Dakar à Niamey en passant par N’Djamena, les manifestations de rues contre la France se multiplient. Dernier exemple au Tchad, le 14 mai dernier, quelques centaines d’opposants au gouvernement de transition de Mahamat Idriss Déby défilent au cri de “la France dégage !” et saccagent sept stations-service Total. La perte d’influence peut aussi se mesurer à la décision de deux piliers de la francophonie, le Togo et le Gabon, d’adhérer, en juin dernier, au Commonwealth, comme le Rwanda l’avait fait en 2009.