“Il est nécessaire de nommer un chef d’état-major unique pour l’institution militaire et amorcer la réunification de l’armée”.
Des militaires de haut rang de l’est et de l’ouest de la Libye, réunis pour la première fois à Tripoli, ont appelé mardi à unifier le commandement des deux armées, une mesure qui pourrait sceller la réunification des forces armées dans ce pays miné par les divisions.
Le général Abdelrazzak al-Nadhouri, numéro deux de l’armée de l’Est du maréchal Khalifa Haftar, a effectué une visite inédite lundi et mardi à Tripoli pour rencontrer son homologue de l’Ouest, le général Mohamad Ali al-Haddad.
“Il est nécessaire de nommer un chef d’état-major unique pour l’institution militaire et amorcer la réunification de l’armée”, ont-ils indiqué dans un communiqué conjoint à l’issue de leurs entretiens.
La Libye est en proie à une crise politique majeure depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par les divisions entre l’Est et l’Ouest et par les ingérences étrangères.
La rencontre a permis de faire avancer les travaux de la Commission militaire conjointe 5+5, composée de cinq militaires de chaque camp, notamment sur l’épineux dossier de la présence sur le sol libyen de milliers de mercenaires et combattants étrangers.
Leur départ était prévu par le cessez-le-feu signé par les membres de cette même commission en octobre 2020.
Ils ont également convenu de mener des patrouilles aux frontières, notamment dans le Sud, pour endiguer les flux de migrants, les réseaux de passeurs et trafiquants en tout genre.
La Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) s’est félicitée dans un communiqué de cette réunion et du “dialogue important” entamé, s’engageant à “continuer à soutenir les pourparlers sur le volet sécuritaire de la Commission militaire conjointe 5+5 et la mise en oeuvre complète de l’accord du cessez-le-feu”.
La conseillère spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Stephanie Williams, a salué sur Twitter “l’esprit de coopération et de compromis” des deux militaires, “un modèle pour la classe politique”.
Deux gouvernements rivaux se disputent aujourd’hui le pouvoir en Libye, l’un basé dans la capitale Tripoli, l’autre à Syrte (centre). L’Est et une partie du Sud sont contrôlés de facto par le maréchal Haftar, qui avait tenté en vain de conquérir militairement l’ouest libyen en 2019-2020.
Un double scrutin présidentiel et législatif, initialement prévu en décembre dernier pour stabiliser le pays, a été reporté sine die, en raison de divergences sur la base juridique des élections et la présence de candidats controversés.
VOA Afrique