Le président d’honneur de l’Union internationale des magistrats (UIM), Christophe Regnard, a appelé jeudi, le président tunisien Kaïs Saïed à rétablir l’État de droit et à revenir sur sa décision de révoquer 57 magistrats.
C’est ce qui ressort de son intervention lors d’une conférence de presse tenue par l’Association des magistrats tunisiens (Amt – indépendante) dans la capitale, Tunis.
Regnard est arrivé mardi, dans la capitale tunisienne pour discuter de la crise actuelle du système judiciaire en Tunisie et « soutenir les magistrats tunisiens dans leur combat pour préserver les valeurs démocratiques ».
« La mobilisation se fera par tous les moyens pour garantir le retour à la transition démocratique et rétablir l’État de droit que la Tunisie mérite », a déclaré Regnard, qui est également président du Tribunal Judiciaire de Tours.
Et Regnard d’ajouter que « les magistrats en grève de la faim pour protester contre leur révocation, se battent pour de grandes valeurs à leurs risques et périls ».
« C’est notre bataille à tous, pas seulement la vôtre », a déclaré le président d’honneur de l’UIM à l’adresse des magistrats présents.
De son côté, le président de l’Amt Anas Hamaïdi, a indiqué que « l’exécutif refuse de rencontrer et d’écouter Christophe Regnard, qui est l’envoyé spécial de l’Union internationale des magistrats, chargé d’examiner la situation de la magistrature en Tunisie ».
Hamaïdi a imputé à l’exécutif la responsabilité de la détérioration de l’état de santé des magistrats en grève de la faim.
« L’état de santé des magistrats grévistes de la faim n’est que la conséquence du refus du président de la République de dialoguer et d’écouter leur voix », a souligné le président de l’Amt.
Mercredi, l’Amt a annoncé que deux magistrats ont rejoint trois autres en grève de la faim depuis deux semaines, pour protester contre la décision du président de la République de révoquer 57 de leurs confrères, accusés entre autres de corruption.
Début juin, Saïed avait publié un décret-loi portant révocation unilatérale de 57 magistrats sur fond d’accusations qui leur ont été adressées dont « l’obstruction au déroulement de l’instruction, l’entrave à l’exercice de la justice en lien avec des affaires de terrorisme, la corruption financière, et l’outrage aux mœurs ».
Les magistrats tunisiens ont entamé le 6 juin une grève dans tous les tribunaux du pays, à l’appel des principaux syndicats de magistrats.
La coordination des structures judiciaires -formée par les associations et les syndicats de magistrats- a fait part mercredi de la détérioration de l’état de santé des juges, Hammadi Rahmani, Ramzi Bahria et Mohamed Taher Kanzari, à la suite de leur grève de la faim.
La Tunisie souffre, depuis le 25 juillet dernier, d’une crise politique aiguë, lorsque le président Saïed avait imposé des « mesures d’exception », en limogeant le Chef du gouvernement, en suspendant les activités du Parlement avant de le dissoudre le 30 mars 2022, et en légiférant par voie de décrets.
Plusieurs forces politiques et civiles tunisiennes rejettent ces mesures qu’elles considèrent comme étant un « coup d’Etat contre la Constitution », alors que d’autres forces les considèrent comme étant une « restauration du processus de la révolution de 2011 », qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Anadolu Agency