Les NFT font la une de par le monde, et la frénésie des jetons non-fongibles n’agite pas seulement les crypto-investisseurs. Ces actifs numériques bousculent déjà les codes de nombreuses industries. Sur le marché de l’art africain, les NFT représentent notamment un moyen innovant de mettre en valeur l’identité africaine, tout en diversifiant les revenus des créateurs du continent.
D’après l’agence de presse Reuters, les ventes de NFT ont dépassé 20 milliards de dollars en 2021. Au premier semestre de l’année précédente, les NFT ne totalisaient que 13,7 millions de dollars de profits. Toutefois, la définition de ces jetons non-fongibles demeure parfois floue.
En clair, un NFT est un objet digital unique issu de la technologie de la blockchain. Il peut s’agir d’une image JPEG, d’un GIF ou encore d’un morceau musical. Chaque NFT se dote alors d’un certificat d’authenticité infalsifiable, offrant une aubaine aux créateurs de contenu.
Et le marché de l’art africain ne s’est pas privé de saisir l’opportunité. La place de marché numérique WeAreMasters a ainsi vu le jour pour se spécialiser dans les NFT africains. Selon son cofondateur Uyi Amokaro, ce nouveau marché digital permet à chaque artiste de valoriser ses œuvres sans passer par l’entremise d’une galerie. Les NFT font alors figure de nouvel eldorado aux yeux de nombreux créateurs, ouvrant la voie à des revenus bien plus confortables.
L’artiste nigérian Abdulrahman Yusuf explique ainsi qu’il vendait ses œuvres en ligne pour quelques centaines de dollars, avant que les NFT ne le propulsent dans une nouvelle dimension. Ses ventes ont aujourd’hui explosé en même temps que ses bénéfices. L’univers NFT lui a ensuite ouvert les portes du festival Art X de Lagos, le salon d’art international le plus important du continent. Ainsi, l’édition 2021 du festival a fait une large place au phénomène NFT en inaugurant la première collaboration avec la marketplace SuperRare.
Le Nigérian Osinachi était aussi au rendez-vous de l’Art X de Lagos. Véritable précurseur du mouvement NFT en Afrique, Osinachi a battu des records en vendant une œuvre plus de 80 000 $ en avril 2021. Il est également devenu le premier artiste digital africain à lancer sa propre crypto-devise, baptisée $OSINA. Et selon ses propres termes, l’écosystème actuel de l’art NFT ne représente encore que 10 % de ce qu’il pourrait atteindre. En effet, l’intersection de l’art digital et du métavers change déjà la donne pour les artistes comme les collectionneurs.
Ainsi, de mythiques maisons de vente aux enchères comme Christie’s investissent le métavers. Sur la plateforme Decentraland, par exemple, Sotheby’s a ouvert une réplique de sa galerie londonienne dans le quartier Voltaire.
Ce monde virtuel compte même des ambassades dématérialisées comme des casinos. Bien sûr, les casinos en ligne gardent une longueur d’avance. Les joueurs peuvent notamment profiter de promotions canon accessibles dès la première visite, de tours gratuits en offre de bienvenue. Des bonus sans dépôt permettent même de parier sans dépenser un centime. Les meilleures plateformes proposent aussi des programmes de fidélité, ou encore des bonus de cashback. D’autres promotions sont également disponibles pour les joueurs fidèles ainsi que pour ceux qui reviennent. Et contrairement à la volatilité des crypto-monnaies, des modes de paiement réputés offrent une expérience sécurisée. Mais le phénomène des casinos NFT illustre la créativité bouillonnante du métavers.
Pour preuve, le monde virtuel de Decentraland compte son propre Musée Africain. Outre leur aspect pécuniaire, les NFT s’avèrent ainsi un outil de promotion des identités africaines. Pour l’artiste Chuma Anagbado, par exemple, l’art NFT est un moyen de faire connaître au monde les richesses de la culture igbo du Nigéria. C’est pour cela qu’il intègre à ses œuvres digitales des sonorités traditionnelles, de même que des éléments de la spiritualité igbo.
D’autres artistes se réapproprient leur histoire à travers les NFT, tel le collectif Yatreda. Cette famille d’artistes éthiopiens s’est signalée en mettant en vente des vidéos slow motion de rois et reines historiques d’Abyssinie sur la blockchain Ethereum. L’initiative a attiré l’attention de nombreux collectionneurs, avant d’être médiatisée par l’édition italienne du magazine Vogue.
En Afrique, la scène artistique se structure donc de plus en plus autour d’une communité NFT capable de soutenir l’éclosion de talents émergents. Néanmoins, le continent se heurte en parallèle à des politiques gouvernementales restrictives en matière de crypto-monnaies. Malgré ces freins, l’engouement autour des crypto-devises ne se dément pas en Afrique. Et les NFT sont bien partis pour offrir un futur radieux aux nombreux artistes avant-gardistes du continent.