La première rentrée académique, avec le basculement des universités publiques vers le système LMD (licence – master – doctorat), s’est déroulée ce mercredi 5 janvier 2022, dans la tourmente. Les professeurs, chefs de travaux et les assistants d’enseignement ont entamé leur grève sur fond de revendications salariales. Depuis plusieurs mois, les membres de ce corps d’élite disent avoir perdu 40% de leur pouvoir d’achat à cause de la dévaluation de la monnaie congolaise et des retenues fiscales. Le gouvernement appelle à la reprise de travail en attendant des négociations.
Augmenter le salaire des professeurs, les doter de moyens de mobilité, d’une assurance santé, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire Muhindo Nzangi assure connaître ces revendications par cœur, mais il s’inquiète.
« Calendrier très serré »
« Nous allons donc entamer un dialogue avec les professeurs, mais ce que je préfère comme appel aujourd’hui : Notre calendrier est très serré. Une grève va nous perturber maintenant vraiment. Si nous avons une grève de deux mois, nous serons obligés d’annuler une année académique. C’est bien dans l’intérêt des étudiants de pouvoir trouver des solutions, de nous mettre d’accord vite », estime le ministre.
Le même souci est partagé par les syndicats des professeurs, mais qui restent catégoriques, comme l’explique Raoul Ekwampok Ka’ndum, de l’université pédagogique nationale (UPN) : « On ne peut pas reprendre si les conditions ne sont pas réunies. Ce sont des conditions de vie et de travail qui sont précaires, qui sont médiocres. Il faut que ça s’améliore. Nous leur avons donné le temps de se préparer pour rencontrer nos préoccupations, mais rien n’a été fait. En tout cas, tout le monde vit dans la précarité. Il y a eu beaucoup de promesses faites, il y a des professeurs déjà nommés, mais impayés pendant deux, trois, quatre voire cinq ans, ce n’est pas normal. »
Années élastiques
Posées il y a quatre ans, ces revendications avaient conduit à un accord entre le gouvernement et les professeurs. Le compromis prévoyait la hausse du pouvoir d’achat des grévistes avec un salaire mensuel moyen de 2 100 dollars. Aujourd’hui, ils ne perçoivent que 1 350, quand les chefs de travaux touchent moins de 300 et le tiers pour les assistants.
Après les états généraux de l’enseignement supérieur en septembre dernier, l’année académique s’annonçait pleine de réformes, mais s’avère pleine d’inquiétudes pour les étudiants qui s’agacent déjà des années élastiques.
Source: Rfi