Crise diplomatique : le président algérien ferme le gazoduc transitant par le Maroc

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a “ordonné” dimanche au groupe public Sonatrach de ne pas reconduire le contrat du gazoduc passant par le Maroc et alimentant l’Espagne en gaz, “au vu des pratiques à caractère hostile du royaume” voisin.

 

Le torchon continue de brûler entre Alger et Rabat. Le président Abdelmadjid Tebboune a “ordonné la cessation des relations commerciales entre Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE)“, a annoncé, dimanche 31 octobre, la télévision publique algérienne, diffusant un communiqué de la présidence.

Abdelmadjid Tebboune a pris cette décision, après consultation du Premier ministre et des ministres des Affaires étrangères et de l’Energie, “au vu des pratiques à caractère hostile du royaume (marocain) qui portent atteinte à l’unité nationale“, expliquait le communiqué.

Inquiétude à Madrid
La décision algérienne de fermer le gazoduc GME qui reliait l’Algérie à la péninsule ibérique, via le Maroc a été prise en août dernier au moment où Alger rompait ses relations diplomatiques avec Rabat. Le pays premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, est depuis resté sur ses positions, ne faisant pas mystère ces dernières semaines de son intention de ne pas prolonger le contrat d’utilisation du gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME).

L’Espagne, qui dépend pour moitié de l’Algérie pour son approvisionnement en gaz, redoute de possibles pénuries ou même une hausse des prix du gaz. Cette semaine, Madrid a cependant reçu de la part d’Alger l’assurance que l’approvisionnement sera bel et bien assuré.

Mercredi, la ministre espagnole de la Transition écologique chargée de l’Énergie Teresa Ribera et le ministre algérien de l’Énergie et des Mines Mohamed Arkab avaient annoncé que les livraisons de gaz algérien vers l’Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz lancé en 2011 et les complexes de conversion en gaz naturel liquéfié.

En contrepartie du transit du gazoduc, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de m3 de gaz naturel, ce qui représente 97 % de ses besoins. La moitié était des droits de passage payés en nature, l’autre du gaz acheté à un prix avantageux, selon des experts du secteur.

Rupture des relations diplomatiques
Fin août, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des “actions hostiles” du royaume, une décision “complètement injustifiée“, selon Rabat.

La crise a éclaté peu après la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Alger, qui appuie les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, répète régulièrement de son côté son soutien à la cause palestinienne.

Depuis 1996, l’Algérie expédiait vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME.