Crise dans l’est de la RDC: un sommet régional demande l’instauration d’un cessez-le-feu d’ici cinq jours

- Les chefs de l'État de la Communauté de l’Afrique de l’Est et de la Communauté de développement de l’Afrique australe se sont réunis, ce samedi à Dar es Salam, en Tanzanie pour discuter de la situation dans l'est de la RDC

Les dirigeants de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) réunis en sommet à Dar es Salam en Tanzanie pour discuter de la crise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont appelé samedi leurs chefs des forces de défense à mettre en place un ‘’cessez-le-feu immédiat et inconditionnel’’ dans un délai de cinq jours.

‘’Le sommet conjoint demande aux chefs des forces de défense de la CAE et de la SADC de se réunir dans les cinq jours et de fournir des directives techniques sur un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et sur la cessation des hostilités’’, indique le communiqué final publié sur le compte X de la CAE à l’issue du sommet et consulté par Anadolu.

Les dirigeants africains ont également appelé à ‘’la fourniture d’une assistance humanitaire, y compris le rapatriement des personnes décédées et l’évacuation des blessés’’, et à l’ouverture de voies d’approvisionnement dans les zones touchées par le conflit dans l’est de la RDC.

‘’Le sommet conjoint a réaffirmé la solidarité et l’engagement inébranlable de continuer à soutenir la RDC dans ses efforts en vue de la sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale’’, ajoute le communiqué.

Ce sommet conjoint des huit pays membres de la CAE et des seize pays membres de la SADC a été convoqué après la prise de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, par les rebelles du M23.

Le président rwandais, Paul Kagame, était présent tandis que son homologue congolais, Félix Tshisekedi, a participé au sommet par visioconférence. Les présidents du Kenya, de Somalie, d’Ouganda, de Zambie et du Zimbabwe ont pris part au sommet de Dar es Salam.

‘’Nous sommes réunis pour appeler toutes les parties à mettre en place le cessez-le-feu et, plus particulièrement, le M23 à suspendre sa progression et l’armée congolaise à cesser ses opérations de représailles. C’est la seule façon de créer les conditions d’un dialogue constructif et d’un accord de paix. Notre présence ici souligne notre consensus sur le fait qu’il est temps d’agir. Il est clair que le conflit en RDC est complexe et implique de nombreux acteurs qui défendent des intérêts différents. Il y a aussi une dimension internationale clandestine dont les effets persistants, cyniques et destructeurs ne doivent pas être sous-estimés ou ignorés plus longtemps’’, a déclaré William Ruto, président du Kenya et de la CAE en ouverture du sommet.

Le chef des droits de l’homme de l’Onu, Volker Türk, a indiqué vendredi que depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessées dans l’est de la RDC, en proie à une offensive éclair du groupe rebelle M23.

Les rebelles du M23 ont pris le contrôle, mercredi 5 février, de la cité de Nyabibwe dans le territoire de Kalehe, province du Sud-Kivu, après d’intenses combats avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ont rapporté des médias locaux. Une information confirmée à Anadolu par la société civile locale.

La rébellion a pourtant décrété un cessez-le-feu unilatéral pour des raisons humanitaires le 3 février, affirmant qu’elle n’avait pas l’intention de prendre la ville de Bukavu ou d’autres localités.

Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a réagi en affirmant que le cessez-le-feu unilatéral qui a été décrété par le M23 était comme d’habitude un ‘’leurre’’.

La semaine dernière, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, après des combats intenses avec les FARDC.

Le Mouvement du 23 Mars a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour Kigali, ‘’la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda’’. ‘’La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, ndlr)’’, avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.

Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.