Présidentielle 2025 : Paul Biya, candidat ou pas candidat

Paul Biya prononce un discours à Boulouris-sur-Mer, France, le 15 août 2024.

43 ans de pouvoir suprême ont usé le vieil homme de 92 ans. Mais il ne semble pas avoir dit son dernier mot. Paul Biya ne montre aucun signe qu’il entend quitter Etoudi à la fin de son troisième septennat.

Mais nul ne peut prédire s’il sera candidat ou non à sa propre succession à la présidentielle d’octobre prochain. Il a des raisons de réserver sa décisions au regard de la tiédeur de ses partisans qu’on a connus plus motivés autrefois. On se souvient de l’élan des « appels du peuple » venus de l’ensemble du pays et même de la diaspora pour les présidentielles de 2011 et 2018. Bien que critiquée, cette opération traduisait un consensus minimal bien que partisan autour de sa candidature, qui semblait tomber sous le sens. Le contexte a vraiment radicalement changé : on n’observe pas d’effervescence particulière autour d’une candidature de Paul Biya pour un ultime mandat, malgré des appels venus de quelques chefferies et de quelques partenaires bienveillants.

Dans son propre parti le RDPC, les responsables sont à leur tâche ordinaire mais ils n’y a aucune engouement de terrain lié à la présidentielle de 2025. Même dans son camp, les attitudes publiques réservées trahissent un embarras certain, entre la fidélité jusqu’au bout à l’homme du Renouveau visiblement en fin de parcours et le désir de se projeter dans l’avenir avec du sang neuf. Paul Biya voudrait sans doute entendre chaque jour et regarder chaque soir au journal télévisé ses compatriotes appelés à sa candidature, comme ce fut le cas dans les échéances précédentes.

L’ENTHOUSIASME MILITANT EST TIEDE

Paul Biya observe bien le manège qui se déroule sous ses yeux. Il envoie des signaux à ceux qui doutent de sa capacité à gouverner jusqu’au bout, présents à tous les moments de solennité républicaine et à tous les rendez-vous protocolaires. Le chef de l’Etat préside toujours debout le défilé militaire du 20-Mai, il dit ses discours à la Nation avec prompteur debout devant son pupitre. Il procède régulièrement aux nominations aux fonctions civiles et militaires, promulgue les lois, prend des ordonnances et reçoit en audience. Mieux, le chef de l’Etat se montre plus dans sa sphère privée, bien plus ces dernières années que pendant tout son règne.

Les images de ses anniversaires de naissance et d’accession au pouvoir sont postées sur ses pages et celles de ses proches. Il tente même de désamorcer quelques foyers chauds chez ses soutiens les plis importants: dans l’Extrême-Nord et dans la Lekié, où il a envoyé son plus plus collaborateur Ferdinand Ngoh Ngoh montrer que son amitié et son accompagnement n’ont pas changé.