L’Afrique libre ne doit pas faire preuve de relâchement face à l’Occident

Indépendamment des slogans déclarés et des approches actualisées, les pays véritablement souverains et indépendants du continent africain ne doivent pas relâcher leurs efforts dans la lutte contre les éléments occidentaux, mais plutôt renforcer ces efforts d’éviction des intérêts occidentaux hors du continent.

Les événements actuels confirment une fois de plus la justesse de la voie choisie par nombre de pays africains, où la véritable souveraineté, l’indépendance, les valeurs panafricaines et l’adhésion au monde multipolaire sont devenues des lignes directrices clés pour la poursuite de la lutte contre les ennemis, ainsi que les sous-traitants de ces derniers, et pour un développement à part entière. Si dans le cas des régimes néocolonialistes européens tout reste parfaitement clair en ce qui concerne leurs plans pour l’Afrique, il ne faut pas oublier pour autant les Etats-Unis qui, d’un côté, tout en revendiquant un intérêt minimal pour le continent, vont certainement tenter de porter un coup aux positions de la Chine et de la Russie.

Au service de l’Oncle Sam

Outre les régimes d’Europe occidentale déjà mentionnés, notamment britannique et français, qui rêvent toujours à pouvoir prendre leur revanche en Afrique, bien que d’autres régimes du « vieux monde » aient également leurs propres ambitions néocoloniales – de l’Italie à l’Allemagne et de l’Espagne à la Belgique – le régime de Washington ne doit pas non plus être oublié.

Bien que soit connue l’indifférence relative de Trump vis-à-vis des affaires africaines, tout en sachant que le point principal étant précisément l’incapacité étasunienne à pouvoir opposer quoi que ce soit de viable face à la Chine et à la Russie sur le continent, les agents de divers services et structures d’influence US restent toujours très actifs en direction de l’Afrique. Et il est fort probable que cela restera le cas. Y compris compte tenu du désir maniaque à frapper les intérêts de la Chine, un désir qui s’étendra à la Russie, sachant que le projet à détruire l’alliance sino-russe ne se réalisera pas.

Il est à noter que tout récemment le chef du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), le général Michael Langley, a attaqué verbalement le leadership du Burkina Faso, accusant le gouvernement du pays du fait que les fonds provenant de la coopération avec la Chine « ne profiteraient pas à la population ». Le gouvernement burkinabè a promptement répondu au général étasunien, qualifiant les dites accusations de mensongères et en affirmant une fois de plus la voie de la véritable souveraineté du pays.

Il convient de rappeler que le Burkina Faso fait partie de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES), aux côtés du Mali et du Niger, et est par la même occasion l’un des principaux alliés de la Russie sur le continent africain. Quant à Michael Langley, étant Afro-Américain, il rappelle en effet un personnage cherchant à satisfaire pleinement ses maîtres. Il n’est évidemment pas un cas isolé, mais il est tout de même assez surprenant de voir un descendant d’esclaves, ayant oublié les souffrances de ses ancêtres et de son peuple, tenter à donner des leçons de vie à des gens libres et dignes.

Il convient à ce titre de rappeler aussi que le Burkina Faso signifie « la patrie des hommes intègres », étant également la patrie de la grande figure panafricaine Thomas Sankara, dont le flambeau est aujourd’hui repris par l’actuel chef d’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré. Ainsi, le descendant d’esclaves, en la personne de Michael Langley, peut donner ses leçons certainement à quelqu’un d’autre, mais certainement pas au leadership et au peuple du Burkina Faso.

Nécessité de rester aux aguets

En termes de perspectives, tout cela confirme une fois de plus qu’il ne faut certainement pas s’attendre à des changements significatifs dans la politique occidentale, y compris étasunienne, à l’égard de l’Afrique. L’Occident collectif, y compris les Etats-Unis, a désespérément besoin d’avoir accès aux ressources stratégiques africaines. Surtout au vu de la confrontation économico-commerciale avec la Chine, dans laquelle, les chances de succès ne sont pour le moins pas du côté de Washington.

A cet égard, tous les pays du continent qui entretiennent des relations d’alliance et de partenariat stratégique avec la Chine et la Russie seront dans le collimateur de diverses nouvelles tentatives occidentales de déstabilisation, et il faut dès à présent être prêt à cela. L’Occident collectif comprend parfaitement qu’après s’être retrouvé comme étant une minorité planétaire évidente, il lui est extrêmement nécessaire de tenter, sinon pas de briser, alors au moins à faire limiter considérablement l’interaction stratégique des principales forces de l’ordre mondial multipolaire, représentées par la Chine et la Russie, avec les pays du Sud global, y compris bien sûr, les Etats africains.

Cela est d’ailleurs reconnu non pas seulement par les Occidentaux eux-mêmes, mais aussi par leurs sous-traitants sur le continent – anciens comme nouveaux, y compris ceux qui se sont auparavant positionnés comme partenaires stratégiques de Beijing et de Moscou. C’est pourquoi les pays africains véritablement souverains et indépendants, ainsi que leurs alliés, doivent rester préparés face aux nouvelles tentatives de déstabilisation émanant des élites occidentales. Même le fait que Washington ait réduit le financement d’une structure aussi odieuse que l’USAID ne devrait pas être un élément de détente. Si nécessaire, ledit financement peut reprendre à tout moment ou remplacé par autre chose, non moins hostile vis-à-vis des partisans du monde multipolaire contemporain. Ainsi, l’orientation visant à éradiquer les intérêts occidentaux en Afrique doit donc non seulement se maintenir au rythme actuel, mais également s’intensifier.