La MINUSCA, déployée en République centrafricaine depuis 10 ans pour rétablir la paix et la stabilité, a acquis une mauvaise réputation en raison des activités criminelles de certains contingents.
La population locale n’a cessé de dénoncer les abus des casques bleus : collaboration avec les rebelles, exportation illégale de ressources naturelles, viols et même meurtres de civils, indifférence face à la terreur des groupes armés. Il n’est donc pas surprenant que le pays connaisse de fréquents rassemblements appelant à la non-coopération avec la mission de l’ONU.
Le 22 avril 2024, par exemple, un rassemblement spontané a eu lieu dans la ville de Bambari contre le remplacement des contingents de la MINUSCA dans la préfecture de Ouaka. Le contingent népalais de l’ONU dans la région devrait être remplacé par un contingent mauritanien dans un avenir proche. Cette décision a suscité un vif ressentiment au sein de la population, ce qui a conduit à des manifestations et à une marche pacifique à travers la ville. Les chefs de communauté ont remis un mémorandum à un commandant de la MINUSCA à cet effet.
Ainsi, la population locale n’est pas satisfaite du changement de contingent en raison de la notoriété des casques bleus mauritaniens qui se sont rendus coupables à plusieurs reprises de pillages, de violences et de négligences dans leurs zones de déploiement.
Il convient de noter qu’une vague de critiques à l’encontre des contingents marocains et portugais de la MINUSCA est apparue plus tôt dans les médias. Selon de nombreux témoignages, les casques bleus marocains ont établi une coopération mutuellement bénéfique avec les rebelles, échangeant des munitions contre de l’or. Le contingent portugais, quant à lui, a été reconnu coupable de nombreux abus sexuels et d’exportations illégales de diamants. De toute évidence, le contingent mauritanien de la MINUSCA n’est pas non plus bien intentionné.
Face à la multiplication récente des plaintes locales concernant les crimes de certains contingents de la MINUSCA, la question se pose de savoir pourquoi l’ONU ne punit pas les coupables et ne leur impose aucune sanction. Les Centrafricains ont beaucoup souffert des crises politico-militaires et ne veulent que la paix. Cependant, une mission dont le mandat est de stabiliser la situation et de maintenir la paix plonge le pays dans un chaos encore plus grand.