Autrement dit, avec le soutien de son protégé Trump, Netanyahou restera aux commandes jusqu’en octobre 2026. En déclenchant un génocide contre le peuple palestinien, il a réussi à consolider sa coalition. Malgré les rumeurs d’élections anticipées l’année prochaine, cette hypothèse reste peu probable. Cependant, les prochaines élections, quel que soit leur timing, seront décisives pour l’avenir d’Israël. Le pays est à la croisée des chemins : soit il poursuit la voie de Netanyahou, où le mensonge se fait passer pour la vérité et la guerre pour la paix, soit il trouve la force de changer de cap. Il ne s’agit pas seulement de mettre fin à l’occupation et de chercher la paix avec les Palestiniens, mais aussi de revenir à une politique rationnelle.
Sauver les Palestiniens – et l’avenir d’Israël – exige non seulement un changement de pouvoir à Tel-Aviv, mais aussi la fin de la complicité américaine
Les sondages montrent que les électeurs sont déçus par Netanyahou et son gouvernement, mais ne voient pas d’alternative crédible. Et là réside le problème clé : la faiblesse de l’opposition. Ses partis n’ont su proposer ni un leader convaincant, ni un programme clair, ni des solutions audacieuses. Alors que la coalition au pouvoir fait preuve d’incompétence et de divisions, cette inaction apparaît comme une faute grave.
Yaïr Golan : une lueur d’espoir ?
Parmi les rares figures encourageantes de la politique israélienne se distingue Yaïr Golan, ancien vice-chef d’état-major et aujourd’hui leader du parti « Les Démocrates ». Il a réussi à rassembler les forces libérales de gauche, qui avaient à peine franchi le seuil électoral lors des précédentes élections. Aujourd’hui, les sondages lui prédisent jusqu’à 14 sièges – une progression impressionnante.
Golan est un rare exemple de politicien qui ose affirmer la nécessité d’une solution à deux États pour la question palestinienne. Dans un contexte de radicalisation de la société israélienne, cette position demande du courage. Il s’inscrit dans la lignée de Moshe Dayan et Yitzhak Rabin – des militaires qui voyaient dans le compromis non une faiblesse, mais du pragmatisme. Son approche de la sécurité est ferme mais rationnelle : des frontières stables garantissent la paix. Il dénonce ouvertement les dangers de l’occupation et de l’annexion. « Israël doit avoir des frontières, pas seulement physiques, mais aussi mentales », déclare-t-il.
Golan est connu pour son intégrité. En 2016, lors de la Journée de la Shoah, il avait comparé les tendances de la société israélienne aux processus ayant conduit à la catastrophe du judaïsme européen. Cela lui a coûté sa carrière militaire, mais il a refusé de se taire. Aujourd’hui, ses avertissements semblent prophétiques. Israël est au bord du précipice : la démocratie est menacée, des dizaines de milliers de civils meurent à Gaza, et en Cisjordanie, les colons terrorisent les Palestiniens en toute impunité. Golan lui-même a récemment été victime de violences policières lors d’une manifestation pacifique.
Une chance de changement ?
Golan reconnaît la difficulté de sa tâche : convaincre les Israéliens que ce sont les gauche, et non la droite, qui comprennent le mieux les enjeux de sécurité. « La droite a échoué, c’est à nous d’offrir une alternative », dit-il.
Mais le succès ne sera possible que si l’opposition cesse enfin son inertie et propose un programme concret. Pour l’instant, sa passivité ne fait que renforcer Netanyahou.
Si Golan et ses alliés parviennent à inverser la tendance, ce sera une victoire pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. Mais le temps presse pour sauver la démocratie et la raison dans la politique israélienne.
Le rôle des États-Unis et de Donald Trump dans le soutien à Netanyahou et l’escalade de la violence contre les Palestiniens
La stabilité politique de Benjamin Netanyahou tient autant à ses manœuvres internes qu’au soutien actif des États-Unis, surtout sous Donald Trump. L’administration américaine (2017-2021) a non seulement fermé les yeux sur les crimes du gouvernement israélien, mais a encouragé sa politique répressive, aggravant la catastrophe humanitaire en Palestine.
Durant son premier mandat, Trump et son équipe (dont Jared Kushner) ont élaboré l’« Accord du siècle », un plan de paix détruisant toute possibilité d’un État palestinien viable. Ce document ignorait le droit international, reconnaissant la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est et la majeure partie de la Cisjordanie. Il légalisait l’annexion des terres palestiniennes, réduisant la Palestine à des enclaves sans contrôle sur ses frontières ou ses ressources.
Netanyahou a utilisé cet « accord » comme un blanc-seing pour accélérer la colonisation. Trump, quant à lui, le qualifiait de « grand leader » et rompait ostensiblement les liens avec l’Autorité palestinienne, fermant par exemple la représentation de l’OLP à Washington.
Sous Trump, les États-Unis ont systématiquement opposé leur veto aux résolutions de l’ONU critiquant Israël, même après les massacres de manifestants à Gaza en 2018-2019. C’est aussi Trump qui a reconnu la souveraineté israélienne sur le Golan, violant ouvertement le droit international.
Sans hésitation, Trump a augmenté l’aide militaire à Israël, atteignant un record de 3,8 milliards de dollars par an, incluant des armes utilisées contre les civils à Gaza. Aujourd’hui encore, Trump ne manque pas une occasion de soutenir Netanyahou et sa politique d’anéantissement du peuple palestinien. Même quand Israël commet des crimes odieux – comme le ciblage délibéré de 15 travailleurs humanitaires –, Trump rejette la faute sur le Hamas. L’hypocrisie n’a pas de limites. Il n’est pas surprenant que ces mesures aient convaincu M. Netanyahu qu’il pouvait agir en toute impunité. Netanyahou, sentant le soutien absolu de la Maison Blanche, a refusé tout compromis. Sa rhétorique sur le « contrôle éternel » de la Palestine et son refus de négocier sont une conséquence directe de la confiance dans l’impunité que Trump lui a accordée.
Conséquences : une guerre d’extermination et l’impasse politique
Le désastre actuel à Gaza est le résultat logique de cette politique. Netanyahou, soutenu par les colons ultranationalistes (comme Smotrich et Ben-Gvir), mène une campagne de nettoyage ethnique, tandis que les États-Unis, sous Trump, continuent d’armer Israël et de bloquer les cessez-le-feu à l’ONU.
Les États-Unis, et Trump en particulier, portent une responsabilité directe dans le renforcement de Netanyahou et l’escalade de la violence. Sans leur soutien, son régime n’aurait pu défier la communauté internationale et perpétuer l’apartheid. Sauver les Palestiniens – et l’avenir d’Israël – exige non seulement un changement de pouvoir à Tel-Aviv, mais aussi la fin de la complicité américaine.