Dans le cadre de sa visite au Brésil, le président Emmanuel Macron a rencontré le chaman et leader yanomami Davi Kopenawa, le cacique Raoni ainsi que d’autres leaders autochtones à Belém. Cette rencontre doit absolument mener à des engagements concrets de la France pour soutenir la lutte des Yanomami et des autres peuples autochtones pour leurs terres, leurs vies et leurs moyens de subsistance.
Survival International publie aujourd’hui une lettre ouverte au président Macron et lui demande de cesser de faire preuve d’hypocrisie : il doit faire en sorte que la France arrête de soutenir les projets qui bafouent les droits des peuples autochtones à travers le monde au nom de la “protection de la nature” ou de la “transition énergétique”.
La priorité actuelle concernant le soutien au peuple yanomami et pour la protection de l’Amazonie devrait être la lutte contre l’orpaillage illégal. Dans le territoire yanomami (nord du Brésil et sud du Venezuela), des dizaines de milliers d’orpailleurs illégaux exercent les pires violences contre les personnes autochtones et, comme en Guyane française, détruisent la forêt, contaminent cours d’eau et sols au mercure et propagent des maladies telles que le paludisme. Dans la situation actuelle, il est impossible d’avoir la certitude que l’or importé en France ne provient pas d’activités illégales sur les territoires autochtones, et donc ne contribue pas à ces crises humanitaires. Le président Macron doit s’assurer que la France puisse garantir une traçabilité adéquate de l’or brésilien, comme le lui a demandé Davi Kopenawa :
“Nous avons besoin que les pays européens cessent d’acheter l’or du Brésil, parce qu’il est impossible de savoir si cet or est d’origine légale ou s’il a été extrait de notre terre en provoquant la mort de mon peuple. Nous vous demandons d’échanger avec le président Lula pour trouver des solutions afin qu’une bonne traçabilité de l’or brésilien soit garantie.”
Emmanuel Macron doit aussi impérativement faire en sorte que la France cesse de financer des violations des droits des peuples autochtones.
En effet, l’Agence française de développement (AFD) finance, au nom de la protection de la biodiversité, des Aires protégées dans le bassin du Congo, en Inde ou encore au Kenya qui entraînent l’expulsion des peuples autochtones de leurs terres. Ceux-ci subissent également des violences aux mains de gardes forestiers allant jusqu’au viol, au meurtre ou à la torture : à titre d’exemple, le parc national d’Odzala-Kokoua, théâtre de terribles violences contre les Autochtones, est l’un des projets pilotes du Legacy Landscapes Fund (dont l’AFD est partenaire).
En Indonésie, ce sont les membres non contactés du peuple hongana manyawa qui font face à la destruction de leur territoire et risquent d’être anéantis par les opérations minières de l’entreprise française Eramet, détenue à hauteur de 27% par l’État. Celle-ci extrait du nickel, à destination notamment des constructeurs de véhicules électriques.
Fiore Longo, directrice de Survival International France, a déclaré : “La rencontre entre le président Macron et Davi Yanomami ne doit pas se limiter à un acte purement symbolique : nous attendons un soutien concret de la France à la lutte des Yanomami contre l’orpaillage illégal.
Mais nous attendons aussi de la cohérence entre les paroles et les actes du président concernant les peuples autochtones en dehors du Brésil. L’argent des contribuables français doit arrêter de financer directement des violations des droits des peuples autochtones dans le monde au nom de la “transition écologique”.”