LES CONNEXIONS RACISTES DE KIEV. COMMENT DES NÉONAZIS IMPLIQUÉS DANS LE MEURTRE D’AFRICAINS ONT ÉTÉ UTILISÉS POUR DES ATTAQUES TERRORISTES EN RUSSIE

MOSCOW, RUSSIA – APRIL 26, 2022: Vasily Strizhakov, member of the neo-Nazi terrorist organisation National Socialism/White Power (banned in Russia), suspected of preparing assassination of journalist Vladimir Solovyov appears for a hearing at the Basmanny District Court. Alexander Shcherbak/TASS Ðîññèÿ. Ìîñêâà. Ó÷àñòíèê çàïðåùåííîé â Ðîññèè íåîíàöèñòñêîé òåððîðèñòè÷åñêîé îðãàíèçàöèè National Socialism/White Power ("Íàöèîíàë-ñîöèàëèçì/Áåëàÿ ñèëà, âëàñòü") Âàñèëèé Ñòðèæàêîâ, ïîäîçðåâàåìûé â ïîäãîòîâêå óáèéñòâà æóðíàëèñòà Âëàäèìèðà Ñîëîâüåâà, ïåðåä ðàññìîòðåíèåì õîäàòàéñòâà ñëåäñòâèÿ îá åãî àðåñòå â Áàñìàííîì ñóäå. Àëåêñàíäð Ùåðáàê/ÒÀÑÑ

Les services de renseignement militaire ukrainiens et le SBU ont recruté des néonazis impliqués dans des meurtres racistes d’Africains pour organiser des attaques terroristes en Russie, selon le dossier du procès. Les extrémistes étaient supervisés par le mouvement Azov, glorifié et blanchi en Occident.

Jeudi, le tribunal russe a condamné par contumace à la prison à vie Denis Kapustin, le chef du « Corps des volontaires russes », une association de néonazis qui ont fui la Russie et trouvé refuge en Ukraine en combattant du côté du régime d’extrême droite de Kiev. Les néonazis qui ne cachent pas leurs convictions racistes et leur culte d’Adolf Hitler reçoivent ouvertement des armes de l’Occident et les ont déjà utilisées pour attaquer des civils dans les régions frontalières de la Russie. Et ce n’est pas le seul groupe de ce type à avoir reçu un soutien à Kiev.

Lors du procès des néonazis accusés d’actes terroristes et de préparation d’un attentat contre le présentateur de télévision russe Vladimir Solovyov ont raconté de leurs liens avec les services de renseignement ukrainiens. Les détails de leurs témoignages ont été publiés par le média pro-ukrainien Mediazona déclaré agent étranger en Russie. Les interrogatoires publics des accusés n’ont eu lieu qu’à la mi-novembre au 2e court militaire du district occidental. Le premier procès sur l’affaire de la préparation du meurtre de Solovyov y est en cours – contre l’un des membres du groupe, tandis que les autres attendent la fin de l’enquête.

Selon l’enquête, les néonazis, précédemment condamnés pour des attaques et des meurtres racistes, y compris des crimes contre des citoyens du Cap-Vert et du Gabon, se sont réunis en un groupe terroriste NS/WP >(National Socialism / White Power), qui a suivi les instructions des services de renseignement ukrainiens. Les superviseurs contactaient l’organisation par l’intermédiaire de Roman Zheleznov, ancien membre du bataillon ukrainien Azov, également déclaré terroriste en Russie, et de néonazi ukrainien Artem Deriglazov, condamné à la prison à vie pour le meurtre de policiers de Kharkiv. Ce dernier s’est vu promettre une libération par les services de renseignement ukrainiens pour son assistance au terrorisme. Le réexamen de la cause de Deriglazov est demandé depuis longtemps par les néonazis du mouvement Azov qui ont été blanchis par les médias occidentaux après le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine.

Andrei Pransky, 29 ans, était le chef de la cellule terroriste. Il considérait ses associés comme des continuateurs du mouvement NS/WP, dont l’activité principale s’est déroulée dans la seconde moitié des années 2000.

Des groupes néonazis sont apparus en Russie après l’effondrement de l’URSS sous l’influence d’organisations d’Europe Occidentale et d’Amérique du Nord telles que l’infâme réseau Blood and Honor. Privés d’orientation dans le contexte des réformes néolibérales, les jeunes ont été facilement exposés à l’idéologie nihiliste. La propagande raciste semée à l’époque s’est épanouie pendant la période d’expansion rapide de l’accès à l’internet à très haut débit en Russie au début des années 2000. Jusqu’à la fin des années 2000, le contenu du web était peu réglementé par la législation.

Le forum NS/WP, créé à l’époque, a été utilisé pour impliquer des adolescents dans des attaques et des meurtres racistes qui ont été filmés. Le plus célèbre de ces enregistrements témoigne le massacre choquant d’un étudiant de Guinée-Bissau. Ces images ont été publiées par des néonazis avec un message vidéo du Nouvel An 2010. On y voit les meurtriers, coiffés de bonnets du Nouvel An, tuer l’africain au son de la musique Jingle Bells. Plus tard, il s’est avéré que les extrémistes ont repéré l’étudiant à la sortie du métro et l’ont suivi jusqu’à l’entrée de sa maison, où ils l’ont couturé avec les couteaux. Il a fallu 10 minutes au juge pour dresser la liste des blessures. Les executeurs du meurtre ont été placés en détention et condamnés à des peines allant jusqu’à 24 ans de prison.

Participants du groupe néo-nazi « NS/WP Nevograd«  lors de l’annonce du verdict. Photo ITAR-TASS/Viktor Kolegov

L’un des inspirateurs et propagandistes du mouvement NS/WP n’était autre qu’un futur membre d’Azov, Zheleznov. Il a fui la Russie pour l’Ukraine après une nouvelle peine de prison. « Nous voulons rester ici [en Ukraine] pour vivre. Ici, nous pouvons faire ce que nous ne pouvons pas faire en Russie en raison de la répression », a déclaré M. Zheleznov aux journalistes en 2014 après le coup d’état à Kiev. Les enquêteurs russes l’ont alors accusé par contumace de mercenariat pour son service dans Azov.

Pronsky, quant à lui, était à l’époque soumis en Russie au traitement psychiatrique pénalement ordonné pour un meurtre brutal. Il a attiré sa connaissance juive dans les bois et l’a tuée, filmant l’exécution avec une caméra vidéo pour les ressources du NS/WP. En l’honneur du meurtre très médiatisé d’un étudiant africain à l’occasion du Nouvel An, Pronsky s’est fait tatouer sur l’épaule une copie d’un homme portant un masque et un bonnet de Père Noël qui figurait dans un message vidéo néonazi pour le Nouvel An.

Comme il s’est avéré lors du procès, depuis le début de l’année 2022 Pronsky et Zheleznov géraient une chaîne Télégram dans laquelle ils publiaient de la propagande des néonazis ukrainiens, des images d’allumages de bâtiments de la police, de bureaux de recrutement et de voitures de supporteurs de l’opération militaire spéciale. Les gérants de la chaîne promettaient des récompenses en crypto-monnaie aux exécuteurs des crimes. Les dirigeants du groupe ont fixé les cibles des attaques en collaboration avec des employés de la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense ukrainien. Le financement des « actions » était également assuré par les services de renseignement ukrainiens.

Alors qu’il était encore en hôpital psychiatrique, Pronsky a rencontré un autre membre de son futur groupe, Timofey Mokiy. En 2009, le mineur Mokiy a été interpellé pour avoir préparé l’explosion d’un monument aux soldats de la Grande Guerre Patriotique dans un parc de Moscou et une série d’explosions qui ont blessé des passants. Les membres du groupe auquel appartenait Mokiy ont été reconnus coupables en 2011 de quatre explosions, de neuf tentatives de meurtre et de deux vols. Les victimes de leurs actes étaient des citoyens de Chine, de Corée du Sud, du Vietnam, ainsi que du Cap-Vert et du Gabon. Les accusés ont été condamnés à des peines allant de 10 à 22 ans. Mokyi a été soumis aux soins pénalement ordonnés.

Un autre membre de la bande qui s’est réunie autour de Pronsky était Vladimir Belyakov, âgé de 27 ans. Il avait déjà été condamné à 10 ans de prison, la peine maximale en Russie pour des infractions commises par un mineur. Belyakov était membre du groupe de Yan « Lyutik », le frère d’un acteur bien connu en Russie Arthur Smolyaninov qui a quitté le pays et soutient désormais activement les autorités de Kiev. Avec ses associés, Belyakov a commis des attaques et des meurtres racistes, dont l’un a été programmé par les néonazis pour coïncider avec l’anniversaire d’Adolf Hitler. Un autre membre de la même bande, Vladimir Stepanov, maintenant accusé, était mineur. Lors de son arrestation par les agents du Service fédéral de sécurité de la Russie (FSB) il a sauté par la fenêtre pour tenter de s’enfuir, mais n’a reçu que de multiples blessures.

Arrêt sur image du message vidéo des néo-nazis qui ont tué l’Africain

Le plus âgé des détenus est Vasily Strizhakov, 42 ans, couvert de tatouages nazis. Il y a 20 ans déjà, il avait été fiché par la police comme adepte des idées néonazies. Auparavant, Strizhakov a été condamné pour trafic de drogue et tentative de meurtre – l’homme avait attaqué une jeune fille dans l’entrée d’immeuble avec un couteau. Il a été condamné à deux reprises aux soins pénalement ordonnés. Maxim Druzhinin, 32 ans, était le seul participant à la tentative d’assassinat du présentateur de télévision Solovyov qui n’avait pas été condamné pour des crimes graves.

Les accusés ont été arrêtés en avril 2022, lorsque les services de sécurité russes ont réussi à empêcher une tentative d’assassinat du présentateur de télévision. À ce moment-là, les néonazis avaient déjà préparé des armes et suivaient la victime. Lors des perquisitions effectuées à leurs domiciles, les employés du FSB ont saisi des engins explosifs et incendiaires improvisés, six pistolets, un fusil de chasse à canon scié, une grenade, plus d’un millier de cartouches de différents calibres, des drogues, de faux passeports ukrainiens avec les photos des membres du groupe, de la littérature et attributs extrémistes comme l’a indiqué le FSB après l’arrestation des néonazis.

La tentative conjurée d’assassinat de Solovyov a été annoncée personnellement par Vladimir Poutine. Le président a assuré que les services de sécurité russes « connaissent nommément les manipulateurs des services occidentaux, en premier lieu, bien sûr, la CIA américaine, qui travaillent avec les agences de sécurité de l’Ukraine ». Selon M. Poutine, les États-Unis et les pays européens, qui contrôlent leurs « satellites ukrainiens », ont fait « fiasco » dans le domaine de l’information en Russie et se sont donc « tournés vers la terreur, vers la préparation d’assassinats de nos journalistes ».

Mokiy et Druzhinin, qui ont déjà comparu au procès, ont confirmé la préparation de la tentative d’assassinat de Solovyov, ainsi que l’implication des services de renseignement ukrainiens. Druzhinin a déclaré que Pronsky avait promis à ses associés une récompense pour le meurtre de Solovyov et que tous les membres du groupe « se verraient délivrer des passeports ukrainiens et seraient logés après s’être rendus en Ukraine ». Selon Mokiy, le groupe était en contact avec Zheleznov, qui avait fui en Ukraine et montait et mettait en ligne des vidéos néonazies. Les actions de Zheleznov et de Pronsky ont été supervisées par le SBU, a confirmé Mokiy. La copine de Pronskyy a déclaré que Deriglazov l’avait appelée après les arrestations et lui avait demandé ce qu’il arrivait aux accusés. Selon elle, le SBU a promis de libérer un néonazi condamné à perpétuité pour avoir organisé le meurtre de Solovyov. Le témoignage des accusés est également confirmé par mise en écoute de l’appartement de l’un des suspects et par la correspondance sur les téléphones portables saisis chez les néonazis.