Niger : La justice confirme une tentative d’évasion de Mohamed Bazoum

Le procureur général près la cour d’appel de Niamey fait état « d’espionnage et de renseignement sur le système de protection présidentielle à travers des photographies prises. Les images ont été transmises aux Français » par Bazoum

Le procureur général près la cour d’appel de Niamey, Salissou Chaïbou, a affirmé mardi que le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’Etat fin juillet et séquestré depuis, avait bien tenté de s’évader dans la nuit du 18 au 19 octobre.

« Il s’agit de faits réels et non d’une mise en scène comme certains esprits ont essayé de le faire croire », a affirmé Salissou Chaïbou à propos de la tentative d’évasion de Bazoum, dans une déclaration diffusée à la télévision nationale, Télé Sahel.

Il relève que « les services de sécurité ont eu vent de la préparation du plan d’exfiltration du président déchu et que la surveillance mise en place a confirmé leurs soupçons ».

« Dans la nuit du 18 au 19 octobre », Bazoum, « sa famille, sa sécurité et ses cuisiniers, transportant divers colis, ont été interpellés » par des « agents de la garde présidentielle, alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie du palais », a encore indiqué Chaïbou, précisant qu’ils comptaient aller dans un premier temps dans une maison à Niamey « identifiée comme étant la propriété de Mohamed Ben Hamaye, un ancien membre de la garde rapprochée de Bazoum » et « cerveau présumé de l’opération », avant de regagner en hélicoptère Birnin Kebbi, dans le nord-ouest du Nigeria.

Le procureur général près la cour d’appel de Niamey a annoncé également la saisie de sommes d’argent en francs CFA et en devises étrangères, ainsi que « divers biens précieux » dont « 2 800 grammes d’or, 333 grammes d’argent », et « de nombreuses puces de téléphone », après la fouille des colis et une perquisition dans la résidence de Bazoum.
Chaïbou rapporte « des actes d’espionnage et de renseignement sur les équipements de la garde présidentielle à travers des tirs. Images envoyées aux Français par l’ancien Président de la République ».

« Vingt-trois civils et militaires ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire », a-t-il noté, indiquant qu’une enquête est en cours.

Le 19 octobre, les militaires au pouvoir au Niger ont accusé, dans un communiqué lu à la télévision nationale, Mohamed Bazoum d’avoir tenté de s’enfuir avec l’aide d' »une puissance étrangère ». Le lendemain, 20 octobre, les avocats de Bazoum ont rejeté les « accusations fabriquées de toutes pièces » par les militaires, affirmant que le président déchu, « sa femme et son fils sont en cellule d’isolement, n’ont pas accès à des avocats et n’ont aucun contact avec le monde extérieur. Mohamed Bazoum refuse de démissionner depuis le coup d’État du 26 juillet.
Le 18 septembre, il a lancé un procès en Afrique de l’Ouest pour exiger sa libération et le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger.