Lundi, les autorités malgaches ont empêché un rassemblement de l’opposition à Antananarivo, la capitale, en utilisant des gaz lacrymogènes contre les candidats rivaux du président sortant, Andry Rajoelina. Cette action a eu lieu quelques semaines avant l’élection présidentielle.
Depuis plusieurs semaines, les préparatifs pour le premier tour des élections prévues le 9 novembre sur la grande île de l’océan Indien se déroulent dans un climat tendu, avec l’opposition qui accuse le pouvoir de comploter en faveur de M. Rajoelina.
Ce matin, plusieurs candidats de l’opposition, parmi lesquels l’ancien président Marc Ravalomanana, ont lancé un appel pour se rassembler sur la place du 13 Mai, lieu de rassemblement traditionnel pour les manifestations politiques à Madagascar, dans le but de faire entendre leurs revendications.
L’ancien président Ravalomanana a été accompagné par ses gardes du corps dans la cour d’un bâtiment, comme l’a observé une journaliste de l’AFP. Il a exprimé son désaccord en disant: “Ces militaires sont insensés, leur comportement est dangereux. Mais ils agissent sur ordre”.
Suite à l’utilisation de gaz lacrymogènes, les rues se sont rapidement vidées et les manifestants ont quitté les lieux. Toutefois, une présence policière importante a été maintenue.
Lors d’une conférence de presse, Tojo Raoilijon, responsable des forces d’intervention, a annoncé que deux individus avaient été interpellés, dont l’un d’eux était en possession d’une arme. D’après des sources policières, la personne arrêtée pour port d’arme serait un garde du corps de Ravalomanana.
Deux personnes supplémentaires ont été blessées, M. Raoilijon les qualifiant d’incidents courants lors de conflits.
“Pas de crise”
Le candidat de l’opposition, Siteny Randrianasoloniaiko, a dénoncé le gouvernement provisoire qui soutient Rajoelina et utilise des gaz lacrymogènes pour aveugler les opposants. Selon lui, cette situation est une source de tristesse pour notre démocratie.
Il y a treize candidats qui se présentent à l’élection présidentielle, parmi eux se trouve Andry Rajoelina, âgé de 49 ans, qui avait pris le pouvoir en 2009 à la suite d’une mutinerie qui avait renversé Marc Ravalomanana. En 2013, la communauté internationale lui avait interdit de se présenter, mais il a finalement été élu en 2018.
En février dernier, M. Rajoelina a été accusé par dix candidats de l’opposition d’avoir organisé “un coup d’Etat institutionnel”, suite à plusieurs décisions de justice remises en question.
Le 9 septembre, selon la Constitution pendant les élections, M. Rajoelina a arrêté d’exercer le pouvoir. Normalement, le président du Sénat devait assurer l’intérim, mais il a refusé pour des “raisons personnelles”.
Un “gouvernement collégial” dirigé par Christian Ntsay, un allié du président, a été désigné par la Haute cour constitutionnelle.
Le jour même, la plus haute instance judiciaire du pays a rejeté trois recours déposés par des partis d’opposition qui réclamaient l’annulation de la candidature de Rajoelina en raison d’une prétendue absence de nationalité malgache. En fin de compte, des informations ont été révélées dans la presse en juin, indiquant que le président avait été naturalisé français en secret en 2014, ce qui a suscité une controverse dans le pays.
Le dimanche soir, M. Rajoelina a riposté en réaffirmant son souhait de maintenir les dates prévues pour les élections. Il a affirmé que la crise à Madagascar n’existait pas et qu’elle avait été créée de toutes pièces. Il a également déclaré que 10 ou 11 personnes ne pourraient pas empêcher la population de voter. L’Union européenne et les États-Unis ont exprimé leur vigilance quant à la préparation de l’élection présidentielle le mois dernier.