Le chef de la diplomatie congolaise a jugé « très scandaleux et inappropriés » les propos des membres du Conseil de sécurité de l’ONU appelant les autorités congolaises à s’assumer face à la crise sécuritaire qui secoue l’est de la République démocratique du Congo.
La délégation que dirigeait le représentant de la France à l’ONU, Nicolas de Rivière, avait sans langue de bois, soutenu devant la presse que les Nations Unies ne peuvent pas régler les problèmes sécuritaires de la RDC à la place des autorités.
« Il est extrêmement grave qu’on vienne en RDC pour effectuer une mission noble, parler avec les autorités congolaises, qu’on vous fasse le diagnostic et par la suite vous faites le Ponce Pilate », a réagi, lundi soir, le vice- Premier ministre des Affaires étrangères de la RDC, Christophe Lutundula, lors d’une conférence de presse à Kinshasa. Il répondait à une question de l’agence Anadolu.
Pour Lutundula, « il est beau de nous dire ça. Mais c’est encore mieux d’éviter de nous entraver en utilisant la place publique internationale. C’est extrêmement grave, une erreur de penser que les autorités actuelles de la RDC pensent qu’il y a un pays au monde qui résoudra les problèmes des Congolais ».
Il a également jugé « inadmissible, incorrect et à la limite scandaleux que d’imposer à la RDC d’accueillir les génocidaires ( NDLR : des rebelles Hutus FDLR en 1994 venus du Rwanda) qui venaient fraîchement pour des raisons humanitaires et dire à ce pays que l’on a contraint à faire ça que ce pays est responsable des drames que connaissent ses populations », a-t-il renchéri.
Son collègue de la communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a précisé que c’est à la suite de l’arrivée en RDC des réfugiés hutus que la RDC a plongé dans la guerre depuis trois décennies.
« Quoi qu’il en soit, les autorités de la RDC vont s’assumer pour défendre le drapeau et mettre hors d’état de nuire toutes les forces négatives », a-t-il conclu.
Cette visite était une première dans le pays depuis octobre 2018.
La mission de trois jours intervenait dans un contexte de préparation des élections, entravée par les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
La délégation avait affirmé qu’il « n’est plus à démontrer non plus que le Rwanda soutient le M23 ». Le chef de la délégation avait en outre confirmé qu’il « est d’autre part clairement établi aussi qu’il y a des incursions de l’armée rwandaise régulière dans le Nord-Kivu » et que « cela est inacceptable ».
Le Rwanda dément depuis des mois ces accusations de Kinshasa et accuse pour sa part l’armée congolaise de collusion avec les FDLR.
Les rebelles mènent des larges offensives dans 3 des 6 territoires de la province du Nord-Kivu frontalière avec le Rwanda et l’Ouganda.
Les pays d’Afrique de l’Est ont dépêché les armées du Kenya, du Burundi et de l’Ouganda pour imposer un cessez-le-feu, maintes fois violé.
Anadolu Agency