Le Cadre stratégique pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) composé de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger a demandé à l’Algérie de consentir ses efforts pour la mobilisation et l’accompagnement de la communauté internationale afin de transcender les difficultés liées à la mise en œuvre, au Mali, de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger.
Cette demande a été formellement exprimée à l’occasion d’un déplacement à Alger d’une délégation des Mouvements signataires de l’accord pour la paix (CMA-Plateforme) regroupés au sein du CSP-PSD, conduite par son Président Algabass Ag Intalla du 20 février au 3 mars 2023.
Dans une déclaration accordée, lundi, à Anadolu, Mohamed El Maouloud Ramadan porte-parole dudit Cadre a indiqué : « Nous avons discuté à bâtons rompus sur le processus de paix, sur la gravité de la situation actuelle, comment sortir de cette impasse ? Tous les sujets ont été abordés sans tabou. C’est suite à cela que les mouvements ont remis à la Médiation certains points qui peuvent être une proposition de sortie de crise ».
La délégation a été reçue en audience par Abdelmadjid Tebboune, président de la République algérienne.
« A l’issue de cette audience, la délégation du CSP-PSD) a obtenu de la part de son excellence monsieur le président, l’assurance d’être entendue et comprise, il a également réitéré l’attachement de l’Algérie à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger, gage d’une paix durable », a expliqué la délégation, lundi dans un communiqué, consulté par Anadolu.
Mohamed El Maouloud Ramadan, s’est abstenu de donner plus de détails sur les points discutés avec le président algérien.
Il a, en revanche, rappelé que « les mouvements signataires de l’accord regroupés au sein du CSP-PSD avaient suspendu leur participation au mécanisme de mise en œuvre de l’accord depuis 2 ou 3 mois pour demander une audience avec la médiation internationale pour parler de certains points qu’ils estiment importants».
C’est suite à ce blocage que l’Algérie a pris l’initiative d’inviter les responsables des mouvements signataires du 20 février au 03 mars à Alger.
Il a souligné que « le premier point de blocage est la volonté politique pour la mise en œuvre de l’accord qui a été signé depuis 2015. Lorsque les autorités de transition sont arrivées au pouvoir, dans leur premier communiqué, ils ont réitéré leur engagement à la mise en œuvre de l’accord. Mais malheureusement après deux ans nous n’avons constaté aucun résultat significatif dans la mise en œuvre de l’accord. Nous avons interpellé le gouvernement plusieurs fois par rapport à la lenteur, la négligence, sinon l’oubli de la mise en œuvre de l’accord », a-t-il fait savoir.
Pour sa part, le gouvernement du Mali a adressé la semaine dernière une correspondance de mise en garde aux groupes armés et à la Médiation internationale.
La correspondance adressée à Ramtane Lamamra, Chef de file de la médiation algérienne, déplore plusieurs cas de violation de l’accord pour la paix par les mouvements signataires dont la Coordination de Mouvements de l’Azawad (CMA).
Parmi ces violations, le document note « l’installation d’états-majors par certains mouvements dans le Gourma en 2020-2021, la réouverture des postes de sécurité dans les zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou, la délivrance illégale d’autorisation de déplacement sur les sites d’orpaillage, le refus de recevoir les médecins en charge de lutte contre la Covid-19, les actions entravant le fonctionnement optimal des bataillons des forces armées reconstituées, l’occupation d’Annefis ou encore l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal.
Le Gouvernement a également pointé une collusion, de plus en plus manifeste, des mouvements armés signataires de l’accord pour la paix avec les groupes terroristes.
De son côté Mohamed El Maouloud Ramadan a affirmé que « par respect à la démarche que l’Algérie est en train d’amener pour le moment, nous avons décidé de ne pas réagir à cette correspondance même si nous rejetons catégoriquement le contenu ».
Dans cette lettre, le gouvernement souligne que « la médiation internationale n’a pas du tout condamné ces violations, et leurs auteurs n’ont jamais été rappelés à l’ordre. Le gouvernement indique qu’en plus, les structures chargées d’accompagner la mise en œuvre de l’accord n’ont jamais comblé les attentes ».
Anadolu Agency