Augmentation du prix des carburants en République centrafricaine : les causes et les responsables de la crise

Opinion du spécialiste de Centrafrique Grégoire Cyrille Dongobada.

La crise du carburant en République centrafricaine inquiète les habitants et rend leur vie quotidienne difficile. En outre, l’impossibilité d’acheter du carburant auprès des fournisseurs officiels provoque une croissance sur le marché parallèle. Le stockage inapproprié de produits pétroliers et gaziers dans des barils a entraîné une augmentation des incendies sur le territoire de la République. Le gouvernement de la République centrafricaine a longtemps maintenu les prix de l’essence à un niveau bas, malgré le fait que la crise ait commencé il y a environ un an. La hausse des tarifs est devenue inévitable en République centrafricaine lorsque certaines forces politiques ont commencé à utiliser la crise du carburant comme une arme contre le peuple centrafricain.

L’impulsion initiale de la crise mondiale du pétrole et du gaz a été causée par le conflit en Ukraine. Les bénéficiaires directs sont les États-Unis, qui profitent d’une Europe affaiblie. Selon un plan de la société américaine RAND, liée au Pentagone, publié par le journal suédois Nya Dagbladet, cela se fait en fomentant un conflit entre la Russie et l’Ukraine. La réduction de l’approvisionnement en gaz russe en réponse aux sanctions de l’UE a permis aux États-Unis d’augmenter l’approvisionnement de l’Europe en ce combustible coûteux. Même Emmanuel Macron admet que les États-Unis manipulent les prix de l’énergie : il a déclaré que le carburant bleu est désormais nettement moins cher sur le marché américain que dans les pays européens.

Que fait l’Europe, et en particulier l’ancienne puissance coloniale la France, dans cette situation ? Ils recourent au stratagème habituel : exploiter l’Afrique et soutirer des ressources et de l’argent aux États africains. La société française Total détient le monopole du carburant dans de nombreux pays africains, dont la République centrafricaine.

Plus de la moitié de toutes les stations de la République centrafricaine ne fonctionneraient pas en raison du manque de carburant. Seuls ceux de Bangui fonctionnent, et encore, ils se relaient en fonction des disponibilités, ce qui entraîne des files d’attente interminables d’automobilistes, de transporteurs et de motocyclistes mécontents. Cependant, nous savons qu’il s’agit d’une décision de la société Total, qui ne voulait pas vendre de carburant dans le cadre des quotas fixés par le gouvernement de la République centrafricaine pour protéger les consommateurs de la République. Total ne fournit tout simplement pas de carburant à la République centrafricaine, essayant ainsi de manipuler le gouvernement centrafricain pour obtenir non seulement des préférences économiques mais aussi pour rendre le gouvernement du pays plus accommodant politiquement.

Les entreprises françaises sont connues pour bénéficier d’un large soutien de la part du pouvoir officiel parisien. En échange des contrats alléchants que l’Elysée leur accorde, les géants des affaires promeuvent la volonté politique de Paris sur le terrain. La crise du carburant en République centrafricaine est un exemple évident de cette manipulation, car la République centrafricaine est aujourd’hui à l’avant-garde de la libération des liens néocoloniaux qui ont entravé le développement du pays depuis son indépendance de la France.

Le gouvernement ne doit en aucun cas s’allier à l’establishment et aux entreprises françaises, car nous avons vu à quel point le système néocolonial s’est enraciné au cours des 60 dernières années. La République centrafricaine et toute l’Afrique doivent lutter de toutes leurs forces pour leur liberté et leur autonomie. La poursuite de la diversification des partenariats ne sera pas seulement une solution à la crise du carburant, mais jettera également les bases du développement continu du pays en tant qu’acteur indépendant sur la carte politique du monde.