La tendance que chacun peut constater est que l’influence de la France au sein de ses anciennes colonies africaines disparaît comme neige au soleil, et ce de manière d’autant plus accélérée par les conséquences de ses tentatives désespérées de mettre fin à ce processus. Plus Paris s’escrime à lutter contre la multipolarité, plus les choses s’accélèrent et mettent à mal son influence hégémonique néocoloniale en déclin.
10 dirigeants français d’expérience ont apporté des informations à Axios et à deux autres médias étasuniens à la mi-octobre au sujet des opérations de guerre de l’information menée par l’hégémonie néo-coloniale en déclin contre la Russie en Afrique. Bien que l’objectif en soit évidemment d’informer le public au sujet de ce qu’ils présentent comme de bonnes intentions, cette campagne délétère s’en trouve néanmoins dévoilée au grand jour. Selon Axios, les tentatives menées par Paris de repousser les nouvelles influences de Moscou sur le continent prennent les cinq formes qui suivent :
- Accuser la Russie de toute occurrence d’un sentiment anti-français ;
- Affirmer que tout ceci est orchestré par le groupe Wagner ;
- Calomnier ce groupe en le présentant comme une association de criminels de guerre rapaces ;
- Minimiser les scandales militaires propres à la France ;
- Souligner les investissements de Paris en Afrique.
On s’attend à voir chacun de ces éléments promulgué suivant les moyens suivants :
- Amener les Africains à penser que l’anti-impérialisme est le produit d’une soi-disant « propagande russe » ;
- Centrer de manière obsessive l’attention des médias sur cette société militaire privée ;
- Débiter des infox l’accusant d’exploitation économique néo-coloniale et de crimes contre l’humanité ;
- Dissimuler l’exploitation néo-coloniale et les crimes de guerre de la France, pourtant objectivement établis et faciles à vérifier ;
- Et écarter l’attention de ce qui précède, en faisant pression sur les médias locaux pour qu’ils ne produisent que des narratifs positifs au sujet de la France.
Tout ceci relève de la manipulation, et prouve que l’Afrique est bien devenue un théâtre de bataille majeur dans la Nouvelle Guerre Froide entre le Milliard doré de l’Occident – États-Unis en tête – et le Grand Sud, mené par les BRICS et l’OCS, pour l’avenir de la transition systémique globale. Le camp occidental veut influencer ces processus complexes en direction d’un renforcement de son hégémonie unipolaire en déclin, cependant que l’autre camp se passionne pour rendre les relations internationales plus démocratiques, plus égales et plus justes. Qui plus est, la Russie a annoncé au cours de l’été que son objectif est d’aider à l’Afrique à terminer pour de bon ses processus de décolonisation.
Pour y parvenir, cette puissance mondiale récemment rétablie exporte des solutions de « Sécurité démocratique » personnalisées à ses partenaires sur le continent. Ce concept fait référence à la vaste gamme de tactiques et de stratégies anti-guerre hybride déjà employées avec succès en République centrafricaine et au Mali, et le Burkina Faso est le dernier pays en date que nombre d’observateurs s’attendent à voir demander l’assistance de la Russie. L’impact en matière de grande stratégie de ces politiques créatives a résulté en une érosion progressive de l’influence française dans la « sphère d’intérêt » auto-proclamée de la France, décrite avec condescendance par la France comme « Françafrique ».
Il n’est guère surprenant que la panique règne à Paris, au point que la capitale française en est désormais à répandre ouvertement une guerre de l’information à destination de millions d’Africains pour manipuler leurs perceptions vis-à-vis du rôle positif tenu par les solutions de « sécurité démocratique » de Moscou dans la stabilisation de leurs sociétés assiégées par la guerre hybride. Tout ceci était pourtant parfaitement prévisible, et avait de fait été télégraphié par Macron à la fin août lorsqu’il avait insulté l’intelligence des Africains en affirmant qu’ils se faisaient manipuler par d’autres, tout en faisant totalement fi des manipulations menées par la France, comme celle-ci vient de le reconnaître face à Axios.
La tendance indubitable est un déclin rapide de l’influence de la France envers ses anciennes colonies d’Afrique, suivant un processus qui est accéléré par les conséquences même des tentatives désespérées menées par Paris pour mettre fin au processus. Plus Paris repousse la multipolarité, plus les choses s’accélèrent aux dépens de l’influence hégémonique néocoloniale en déclin de Paris. Au lieu d’accepter simplement qu’elle doit inévitablement traiter avec ses partenaires africains sur un pied d’égalité et avec le respect qu’ils méritent, la France de Macron continue de leur imposer agressivement ses volontés, ce qui dommageable pour elle-même et facilite les processus de multipolarité.
Reseau International