Les gendarmes de Madagascar ont confirmé mardi avoir tué 19 personnes en tirant sur une foule en colère qui avait tenté lundi d’entrer dans leur caserne dans le sud-est de l’île, à la suite de soupçons d’enlèvement d’un enfant albinos.
“Dix-neuf personnes ont perdu la vie et 21 blessés sont toujours soignés” à l’hôpital d’Ikongo, la petite ville où les heurts ont eu lieu, ont-ils déclaré dans un communiqué, ajoutant qu’une enquête est en cours.
Le médecin chef de l’hôpital local, le Dr Tango Oscar Toky, joint mardi au téléphone par l’AFP, a donné le même nombre de morts.
Les gendarmes, qui affirment que le calme est désormais retombé, avaient annoncé lundi un premier bilan de 11 morts.
Lundi matin, des tirs avaient retenti à proximité de la caserne de gendarmerie de cette ville plongée dans des montagnes vertes, secouée depuis plusieurs jours par la disparition d’un enfant, albinos. Les autorités soupçonnent un enlèvement.
Dans ce pays d’Afrique australe, les personnes atteintes d’albinisme sont régulièrement la cible de violences, souvent liées à certaines croyances.
Plus d’une douzaine d’enlèvements, d’attaques et de meurtres ont ainsi été signalés au cours des deux dernières années à Madagascar, selon les Nations unies.
Quatre suspects ont été arrêtés par les gendarmes et placés en détention.
Mais la communauté locale, en colère, est décidée à faire justice elle-même.
Lundi, au moins 500 personnes se sont rendues devant la caserne, certains munis d'”armes blanches” et de “machettes”, selon une source de la gendarmerie qui se trouvait sur les lieux. Et ont réclamé qu’on leur remette les quatre suspects.
Un périmètre de sécurité est alors installé, et les gendarmes tentent de faire baisse la tension pour “éviter un bain de sang”, a expliqué lundi lors d’une conférence de presse le commandant Andry Rakotondrazaka lors d’une conférence de presse dans la capitale Antananarivo.
Mais quand la foule tente de franchir le périmètre de sécurité, les choses dérapent.
Les gendarmes ont d’abord fait usage de gaz lacrymogène et tiré des coups de sommation, disent-il.
“Mais, en dernier ressort, les gendarmes n’ont pas eu d’autre choix que de recourir à la légitime défense”, a expliqué le commandant de gendarmerie.
Mardi matin, l’hôpital local attendait encore l’arrivée de blessés qui devaient être évacués, selon le Dr Tango Oscar Toky, qui a décrit des blessures graves.
La police malgache est régulièrement épinglée par la société civile pour des violations des droits de l’homme, qui font rarement l’objet de poursuites.
VOA Afrique