En dépit de l’appel au calme des autorités et du déploiement de quelque 2 500 soldats, des pilleurs ont continué à attaquer hangars et magasins dans plusieurs villes du pays. Ces violences font suite à l’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma.
Le bilan des violences en Afrique du Sud, déclenchées par l’incarcération la semaine dernière de l’ex-président Jacob Zuma et qui se sont intensifiées ces derniers jours, est monté mardi 13 juillet à 72 morts, a annoncé la police. « Le nombre total de personnes arrêtées s’élève à 1 234, tandis que le nombre de décès s’élève à 72 », a annoncé la police dans un communiqué. Un précédent bilan faisait état de 45 morts, principalement dans des bousculades lors de pillages. En dépit de l’appel au calme des autorités et du déploiement de quelque 2 500 soldats, des milliers de Sud-Africains ont continué à affluer mardi pour dépouiller hangars et magasins dans plusieurs villes du pays.
Selon les forces de l’ordre, qui ont été rapidement dépassées par l’ampleur des événements, 27 personnes ont été tuées dans la province du Kwazulu-Natal (Est) et 45 dans le Gauteng, qui compte la plus grande ville du pays, Johannesburg. La plupart des décès sont survenus lors de « bousculades pendant des pillages de magasins et de centres commerciaux », tandis que d’autres morts et blessures sont liées « à des explosions de distributeurs automatiques de billets et à des fusillades », a précisé la police.
L’Union africaine appelle au calme
Les premiers incidents dans le pays, routes bloquées et camions incendiés, ont éclaté vendredi, au lendemain de l’arrivée en prison de Jacob Zuma condamné pour outrage à la justice. Le président Cyril Ramaphosa a affirmé lundi soir que si les « frustrations et la colère » exprimées avaient « des racines politiques », « aucune cause ne peut justifier » ces violences.
Jacob Zuma a été condamné à 15 mois de prison ferme pour « outrage » après avoir, à plusieurs reprises, refusé de témoigner dans le cadre d’enquêtes sur la corruption d’État pendant sa présidence (2009-2018). L’ancien président, 79 ans, a été jugé coupable d’avoir multiplié les prétextes fallacieux pour ne pas comparaître devant la commission qui enquête sur la corruption d’État sous son mandat. Lundi, une audience virtuelle de la Cour constitutionnelle, celle qui a condamné l’ancien président fin juin, a débattu de sa peine pendant dix heures. Elle a mis son jugement en délibéré, sans préciser de date.
Depuis, l’agitation a gagné les quartiers déshérités de Johannesburg où le moteur de la colère est alimentaire et économique. Les restrictions imposées fin juin pour contenir une troisième vague meurtrière de Covid-19 y ont étouffé les petits boulots et les moyens de subsistance des plus pauvres.
Durement touchée par une troisième vague de Covid-19, l’Afrique du Sud, qui a atteint un chômage record à 32,6 % depuis la pandémie, a imposé de nouvelles restrictions sanitaires fin juin. Dans un communiqué L’Union africaine (UA) a condamné avec la plus grande fermeté : « la flambée de violence qui a entraîné la mort de civils et des scènes effroyables de pillage », appelant « à un rétablissement urgent de l’ordre ».
Source: Jeune Afrique