La terre tremble encore ce lundi matin 24 mai à Goma. Des secousses sismiques qui entretiennent l’inquiétude dans la population de la capitale du Nord-Kivu, terrifiée samedi soir par l’entrée en éruption du volcan Niyragongo. Le bilan humain est déjà lourd avec près d’une vingtaine de victime. Plusieurs localités de la périphérie ont été endommagées par la lave et particulièrement celle de Buhene.
Képi sur sa tête, babouches aux pieds, Floribert Chumba a eu sa maison complètement détruite. Deux de ses enfants sont portés disparus. Il les cherche dans ce qui reste de son quartier : « Ici, c’était chez moi. Toutes les maisons sont parties. Il ne nous reste rien. Nous demandons à l’État de nous venir en aide, car nous n’avons rien d’autre à faire. J’ai perdu mes chèvres et d’autres effets de la maison. J’ai retrouvé certains membres de ma famille, mais pour le moment, je cherche mes enfants, depuis avant-hier, je ne les ai pas vus. »
Comme Floribert, d’autres habitants de Buhene, qui ont fui leur maison et des curieux, reviennent ici par dizaines pour constater les dégâts. Des maisons entières, des boutiques et des usines de traitement de l’eau et de boissons ont été englouties par de la lave sèche, mais encore chaude.
Encore des dangers potentiels
Ce qui inquiète, c’est l’odeur de la fumée qui se dégage de la lave. Une personne a perdu la vie, ce matin à Buhene, après avoir respiré cette odeur, comme l’affirme son voisin Bakagna Samuel : « De la lave est sortie du trou des toilettes et une fois en contact avec le gaz, nous l’avons retrouvé étendu parterre. Nous pensons que c’est cette fumée qui l’a tué. »
Deux autres personnes sont mortes la nuit du dimanche à ce lundi à Kibati, au nord de Goma, étouffées par la fumée de lave. Suite à cette situation, écoles et universités ont fermé leurs portes jusqu’à nouvel ordre.
• Une absence de surveillance du volcan ?
À Goma, les regards se tournent vers le gouvernement et l’Observatoire volcanologique de Goma. L’OVG recevait jusqu’en juin 2020 un financement de la Banque mondiale, mais l’État devait prendre le relais, ce qui n’a pas été fait. Ce que déplore le député d’opposition Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa, lui avait interpellé dès octobre par courrier le ministre de la Recherche scientifique et posé une question écrite à l’Assemblée nationale sur la gestion de cette institution étatique qui n’a jamais été examiné.
Les agents restent impayés depuis plusieurs mois. Ils ont tenté de manifester, le comité de gestion les a jetés en prison et le gouvernement central n’a pas pris soin d’aller visiter, d’aller contrôler et savoir exactement quel était le problème. Le mouvement citoyen Lucha a lancé des alertes, même des manifestations. Il n’y a eu aucun écho.
Source: Rfi